jeudi 10 avril 2025

L’exposition des arts décoratifs de 1925. Gilles Genty.

L’intitulé de cet évènement parisien désormais centenaire se déplie en : 
« Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes » 
assorti de la question posée par le conférencier devant les amis du musée de Grenoble : 
« rupture ou continuité ? » «  Porte d’Orsay »
Prévue pour 1915, cette parade des arts sera-t-elle récapitulative ou prospective ? 
Dix ans après la guerre n’est pas encore soldée, 
des dizaines de milliers de morts au combat n’ont pas été retrouvés.
En 1924, Paris avait reçu 3 089 athlètes (dont 135 femmes) pour les jeux olympiques.
En 1922, Marseille avait accueilli trois millions de personnes à l’ « Exposition coloniale » .
Au cœur de Paris, le grand et le petit palais sont réutilisés
et le pont Alexandre III rhabillé, 
pour accueillir des boutiques de luxe
https://blog-de-guy.blogspot.com/2017/01/construire-en-metal-au-xix-siecle.html
Deux conceptions coexistent symbolisées par « La porte d’honneur » 
et  « La porte de la Concorde » qui déconcerte le public à l’image de « Bécassine » : 
« C'est la porte monumentale de l'exposition, dit le jeune homme
- Mais il n'y a pas de porte.
- Justement : en art moderne, on appelle une porte ce qui n'est pas une porte.
Il faut bien que l'art moderne se distingue d'une façon quelconque de l'art ancien. »
Les finances publiques étant exsangues, les institutions privées sont sollicitées.
Lalique a édité en format plus petit les sculptures provenant 
de la fontaine «  Les sources de France » construite devant son pavillon.
« L’atelier du Studium » des magasins du Louvre vise comme l’écrit « l’Illustration » :   
« à composer des choses pratiques, bien exécutées pour échapper aux vicissitudes de la mode, sobres pour conserver leur agrément, modérées de prix pour répandre dans le grand public les bienfaits individuels et sociaux de la stabilité du foyer. »
Le projet tout en couleurs « La primavera » pour « Le Printemps » a été modifié mais aucune image n’est parvenue des lumières qui traversaient le toit à travers des verres colorés.
Les concepteurs de l’ameublement exposé dans l'espace Pomone du « Bon marché » ambitionnent « d’industrialiser une beauté mise à la portée de tous ».
Cette « Céramique de Maurice Dufrène » porte le label « La Maîtrise », 
atelier des galeries Lafayette.
Paul Poiret, le couturier, au bord de la faillite, avait aménagé en bord de Seine trois péniches baptisées « Amours » pour la chambre à coucher, « Délices »pour un restaurant et « Orgues ».
Un « Chiffonnier » en galuchat ( peau de squale) se remarquait destiné à la chambre de l’ambassadrice au pavillon de la Société des Artistes Décorateurs.
Le « Bureau-bibliothèque de l’Ambassadeur »
sous son plafond en dôme, devant des rayonnages en bois de palmier
est posé sur « La Sirène »
un tapis de Jean Lurçat.
Jacques- Émile Ruhlmann
, « le pape de l’Art Déco » 
présentait un « Bureau de dame » en ébène de Macassar et denticules d’ivoire.
Jean Dunand, dinandier, a choisi de travailler la laque : « Vase laqué ».
A l’heure où La Tour Perret, construite en béton armé s’élève la même année à Grenoble à l'occasion de l'Exposition internationale de la Houille blanche et du Tourisme, 
les frères Perret construisent « Le pavillon de la librairie » pour la Samaritaine.
Guimard
doit se contenter de « La mairie du village français »  
coincée parmi d’autres constructions.
Parmi les rares propositions étrangères, Victor Horta a conçu le pavillon belge. 
Le raffinement des volutes Art Déco s’efface peu à peu faisant une place aux lignes droites  du Modern Style, avec le « Pavillon du tourisme » de Mallet-Stevens et son vocabulaire industriel.
Le pavillon  «Esprit Nouveau » de Le Corbusier, construit en éléments standards proposant des solutions économiques, se démarque tellement par sa sobriété, qu’il fut un moment caché par des bâches.  En 1977, une réplique a été réalisée à Bologne, en Italie. 
 « L'art de 1900 fut l'art du domaine de la fantaisie, 
celui de 1925 est du domaine de la raison » 
Charles Dufresne
« Les Perruches »
Jean Dupas

1 commentaire:

  1. Très instructif ce matin, merci.
    "L'art de 1900 fut l'art du domaine de la fantaisie ; celui de 1925 est du domaine de la raison".
    Mettre l'art et le luxe à la portée du plus grand nombre : voilà le mot d'ordre pour l'industrialisation de l'art, et de nos existences, en passant. Mais la visée du "plus grand nombre" est censée être une visée... noble. Nous ne sommes pas à un paradoxe près, là.
    Comme quoi je vois qu'il y a du pain sur la planche si nous allons revenir de cela... et bien sûr, ce ne sera pas une partie de plaisir. Je n'ai jamais remarqué que le vrai changement pouvait arriver dans nos existences sans la souffrance qui l'accompagne. Certes, je préfère la souffrance que je suis prête à m'infliger pour y arriver à la souffrance qu'ON m'inflige pour mon "bien", bien entendu. Quoi de plus normal ?

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