mercredi 17 novembre 2021

Ronchamp.

Nous réglons l’addition, tout à fait raisonnable, détendus et ravis de cette halte « authentique »
et  nous nous rendons à RONCHAMP à quelques kilomètres de là où se trouve la chapelle Notre-Dame du haut, œuvre de Le Corbusier classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
Perdu dans la verdure et au-dessus du village, le site choisi pour son isolement marque la fin de la route.
Il existait à cet endroit une église plusieurs fois reconstruite et détruite en 1944 par des bombardements.
La volonté du clergé fut d’édifier à la place un bâtiment moderne, adapté aux fidèles et moins enkysté dans le passé. Le Corbusier, pourtant peu croyant mais séduit par le paysage, remporte le marché. Il réactualise ce lieu de pèlerinage effectué le 8 septembre dédié à la Sainte Vierge, date de la naissance de Marie, et  construit trois édifices en 1955
- L’abri des pèlerins au départ maison des ouvriers servait à loger les croyants de façon spartiate. Il est équipé de 2 dortoirs, d’un WC  d’un réfectoire occupé par des tables communes et de 2 petites  salles avec lavabos style pensionnat.
Le mobilier et  les sols en tesselles multicolores, de grands aplats de teintes  vives  contrebalancent  l’austérité du béton brut. Aujourd’hui, ce bâtiment ne répond plus aux normes de sécurité et d’hygiène et ne reçoit plus les fidèles.
- La chapelle peinte en blanc et coiffée d’un toit de béton incurvé domine le promontoire.
Côté Est un chœur est prévu pour célébrer la messe en extérieur, lors des pèlerinages,  sous la protection du toit.
La paroi est percée d’une vitrine destinée à  mettre en valeur une vierge visible de l’extérieur  comme de l’intérieur, nimbée de lumière selon les heures.
Cette statue rescapée provient de l’ancienne église, elle date du XVIII° siècle.
L’intérieur se décline en 3 chapelles, servant de puits de lumière dans ce décor en béton sombre éclairé seulement par la niche de la vierge
et quelques carreaux de verre coloré recouvert d’une phrase, « étoile du matin »  ou « Marie, brillante comme le soleil » par exemple.
Un bouquet de cierges complète l’impression de recueillement et de mysticisme du  lieu. Quant au plafond et au sol ils refusent les plans plats au profit des formes plus arrondies, vallonnées.
- Le 3éme édifice, la maison du chapelain ne se visite pas, étant habitée par le prêtre attaché à la chapelle.
- Avec les pierres de l’ancienne église, Le Corbusier érige la pyramide de la paix à la demande des anciens combattants de Ronchamp qui veulent rendre hommage à leurs camarades bombardés et morts en 1944. Elle ressemble à celles des Incas ou des Aztèques en miniature, sauf qu’une plaque et une petite colombe rappellent le sacrifice des soldats français. Son ascension est autorisée, et n’est pas considérée comme une offense ou un sacrilège, surtout lors d’évènements religieux en extérieur.D’autres architectes Jean Prouvé et Renzo Piano vont intervenir sur le site :
- Jean  Prouvé  réalisera le campanile en 1975.  Il ressemble à un portique japonais et supporte 3 cloches. Deux appartenaient à l’ancienne chapelle, mais la 3ème cassée lors de sa chute fut refaite en 1975 ; elle ne possède pas la même finesse dans les décorations.
- Renzo Piano concevra pour sa part en 2011 le monastère des Clarisses et la Porterie sous forme de longères en verre semi enterrées, intégrées discrètement dans le paysage. Le monastère comprend un oratoire, un atelier pour la dizaine de Sœurs qui confectionnent les habits sacerdotaux des prêtres, et leurs logements.
Aujourd’hui, le site dépend d’une association financée par une souscription et le prix des entrées. Durant la visite, nous avons apprécié la présence et les commentaires bien ciblés du guide mis à notre disposition. Il nous apprend aussi que le mot acolyte n’est pas obligatoirement péjoratif, c'est celui qui sert le prêtre.

1 commentaire:

  1. De belles images. Je n'adore pas Le Corbusier, mais dois reconnaître que cette église est belle à sa manière.
    Mais je n'aimerais pas vivre dans des édifices avec tant de verre (la soeur Clarisse).
    Quand elle gagne du terrain dans les têtes, et dans les lieux, la transparence est un idéal qui verse dans le totalitarisme, de toute façon. Le danger de tous les idéaux ?

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