Peut-on percevoir des signes annonciateurs de l’omnipotence
de l’intelligence artificielle et de la venue au pouvoir de l’extrême droite ?
Sait-on voir ce qu’on voit ? A défaut de penser, on se pince.
Sur nos sols artificialisés, tant de paroles préfabriquées
encore discernables sonnent faux.
A la surface des réseaux sociaux, en dehors de quelques
phrases jetées en réaction, rares sont les pensées personnelles construites d’individus
se disant libres pourtant alors qu’ils n’ont que leur nombril comme horizon. Inutile
d’insister sur l’inflation des cœurs artificiels pixélisés.
Dans les débats, l’affirmation de soi passe essentiellement
par la dénonciation de l’autre et de son registre sémantique.
Ainsi l’emploi des mots « sécurité »,
« nation », « laïcité », « travail »,
« mérite », « équilibre budgétaire »… donnent droit à
réduction sur le ticket à destination du goulag.
Je fus dans le parti dont Faure est le liquidateur, mais je
constate chez ceux qui se réclament de gauche, sans avoir jamais tendu le
moindre tract en pleine bise, une fâcheuse tendance à privilégier l’étude
malveillante des textes d’en face plutôt que la production d’une écriture
propre. Encore eut-il fallu porter sur soi le même regard sans concession que
celui qui débusque la bête immonde dans les propos d’autrui. Pour des motifs
tactiques P.S. et EELV ont ouvert la boîte de Pandore des mesures visant à
réguler l’immigration, LFI se lèche les babines le thème de la prochaine manif,
c’est cadeau.
Les femmes se dévouent les soirs de défaites électorales,
mais les échecs se sont masqués sous « le bruit et la fureur » et le destin du
parti socialiste à devenir un autre parti « radical » n’a pas été
contrarié par des accords opportunistes : une poignée de sièges pour préaux
déserts.
Habitués à battre leur coulpe, les cathos de gauche dont le
premier terme vacille et le deuxième s’efface, étaient plutôt engagés dans
cette démarche d’âpre lucidité, ils sont devenus inaudibles. Cette indigence est le résultat de l’indulgence envers les
glissements progressifs à l’œuvre à l’école depuis si longtemps. Le nombre
d’heures de français décroit sans cesse, avec dissertations en voie de
disparition et démonstrations en mathématiques défaillantes. Un formalisme
comptable s’est installé en tous lieux au détriment d’un esprit critique
nuancé, argumenté.Il est loin le temps où le citoyen se constituait dans
l’écriture patiente de rédactions à l’évaluation certes bien plus subjective
que des QCM en batteries, mais il pouvait trouver dans des découvertes
persévérantes, personnelles, contradictoires, sa voie vers l’authenticité.
Dans un monde peuplé essentiellement de victimes, les
dispensateurs de bonheur, même à ceux qui n’ont rien demandé, ne manquent pas
de clientèle. Ils en arriveraient à se réjouir de l’injustice quand les déclinologues ne sont pas les seuls à
prospérer sur le malheur.
« C'est le déclin
quand l'homme se dit “Que va-t-il se passer
?”,
J'avoue que ce dernier temps, je ris bien plus souvent, et c'est appréciable. Je trouve le monde tout aussi incroyable, vois le naufrage, la dérision adressée à ce que j'ai trouvé beau, ce qui m'a fait vivre, vibrer, m'a rendu heureuse, et... je ris enfin devant l'inconséquence de ceux qui essaient si mal de prendre la relève, de... changer de mode, d'apporter ce sempiternel "nouveau" qui nous fait carburer. Le rire vient spontanément, en lieu et en place du désespoir. Ce n'est pas un rire naïf, certes, c'est un rire teinté de désillusion, de désespoir, le rire des rabbins à la veille du pogrom, en quelque sorte. Le rire... des vieux ?
RépondreSupprimerIl vaut mieux ce rire, quand il peut être trouvé (et je ne sais pas combien de contrôle nous avons individuellement dans ce processus) que les "coeurs durs", l'âpre désespoir, et le pire de tout, le ricanement. Oui, le ricanement est le nadir dans la liste de nos réactions possibles (une petite pensée...j'espère que mon rire n'est pas un ricanement...).
Pour pointer le doigt avec toi, oui, faire un monde qui passe sous silence la rédaction, la capacité de formuler sa pensée dans un français clair, intelligible, correct, un monde qui mesure la.. MAITRISE des connaissances par des questions à choix multiples (qui mesurent surtout la capacité de deviner entre des réponses DEJA FOURNIES, celles qui sont les bonnes), cela déjà s'apparente à un enterrement de notre grandeur... passée, au nom des sempiternelles litanies sur l'égalitarisme (une maladie plus insidieuse que le fachisme, mais une maladie quand même), et l'inclusion.
L'art de... justifier le déclin ?...
Je n'oublie pas que déjà avant la révolution française les économistes français lorgnaient du côté de la Chine avec leur idéal de créer un monde où nous serions tous interchangeables, remplaçables, et... corvéables à merci ? TOUS... LES MEMES, même, parce que l'égalité quand on est tous les mêmes, c'est beaucoup plus facile. Pouah. Très peu pour moi.