Ruiz, le réalisateur du film à propos du peintre autrichien, est né au Chili, puis a adopté la
nationalité française après s’être exilé au moment du coup d’état de Pinochet
en 1973. L’onirisme de « Trois tristes tigres » tourné précédemment,
« L’hypothèse du tableau volé » et les dédoublements de « Trois vies et une seule mort »
ont des caractéristiques qui se retrouvent dans son film de 2005 parmi la
soixantaine qu’il a proposée dont « Le temps retrouvé » de Proust.Ruiz a travaillé à la maison de la culture de Grenoble du
temps
de « Richard III » de Lavaudant et du « Mammame » de Galotta.Mêlant réel et imaginaire autour de Klimt à la renommée internationale,
la production se devait d’être européenne. John Malkovich qui avait déjà joué
dans « Les âmes fortes « d’après Giono interprète, sans passion, le
leader du mouvement de la Sécession de Vienne.Klimt, l’artiste art nouveau, né en 1862 d’un
père orfèvre
et d’une mère chanteuse lyrique, intéressé par les arts appliqués,
sera d’abord décorateur avant de prendre pour compagne Emilie Flöge créatrice de mode.
Il se détache de l’académisme, faisant scandale avec son affiche à l’occasion de l' « Ouverture du palais de la Sécession »
dont l’intitulé était :
« À
chaque époque son art, à tout art sa liberté ».Il a vécu très longtemps chez sa mère, mais sa progéniture
compte quatorze enfants.
« Le baiser »
Les nazis l'ont catalogué parmi les artistes
dégénérés ; ils ont brulé de ses œuvres « La
Philosophie » qui avait reçu une médaille d'or en 1900
à l' Exposition universelle de Paris et en ont volé d’autres.« La frise Beethoven » réunissant la peinture, la
musique et l'architecture
se voulait œuvre d’art totale.
Egon Schiele son successeur meurt aussi en
1918.Le traitement cinématographique éclaté adapte des
personnages, en invente aussi, dans un univers viennois qui est celui de « La ronde » tourbillonnante de Max Ophüls inspiré d’Arthur Schnitzler, médecin
écrivain à l’époque d’un certain Freud. Méliès, le prestidigitateur, représenté dans le
film n’a jamais rencontré Klimt.Les couleurs sont
exubérantes, les visions étirées, les traits sinueux,
chacun
peut se permettre de rêver.Ruiz comme Klimt
eurent affaire avec la censure.Et si l’histoire de
l’art se confond avec l’histoire de la nudité, nous voilà en pleine régression
quand une professeure qui a présenté à ses élèves « Diane et Actéon »
du peintre Giuseppe
Cesari fait scandale au XXI° siècle, décidément malade lui aussi.
Le XXI siècle est malade parce que la représentation picturale de la nudité ferait scandale ?
RépondreSupprimerIl me semble que dans la mesure où le vêtement est vraiment une affaire d'Homme, de la spécificité de l'Homme parmi d'autres animaux, il est...possible ? que la représentation de la nudité dans des tableaux fasse scandale. C'est une chose de raconter l'histoire de Diane/Artémis et Acteon, et une autre de la montrer. Que certains puissent être choqués qu'on leur montre des tableaux avec des figures nus à une époque où il est devenu bon ton de s'offusquer de rien, de tout regarder avec le même oeil... désabusé ?, y compris la pornographie, c'est plutôt un témoignage de la possibilité de prendre l'art au sérieux, et non comme un produit parmi d'autres à consommer sans modération, non ?
Après, ce n'est pas forcément confortable de constater que ces questions, ces problèmes ressortent du tiroir alors qu'"on" pensait que NOUS LES AVIONS REGLES UNE FOIS POUR TOUTES, mais.. le "progrès" étant ce qu'il est, "on" devrait savoir qu'"on" ne règle pas une fois pour toutes ce qui pose, et continuera de poser problème pour l'Homme.