345 pages à déguster en 25 chapitres et plutôt deux fois
qu’une
pour traverser 10 siècles de peinture depuis une Joconde revisitée
avec finesse jusqu’à Rothko ; de l’invention de la perspective à la figure
engloutie.
45 toiles en trop petit format sont regroupées au centre du
livre de poche, simples rappels format Smartphone pour des développements
exigeants où peut s’appliquer la réflexion de Saint Bernardin à propos de
l’Annonciation, quand
« l'infini
vient dans le fini, l'incommensurable dans la mesure ».
Nos horizons peuvent s’élargir sans risquer l'anachronisme,
notion fouillée ainsi que les restaurations, les détails, les photographies,
les façons d’exposer:
« La perspective
construit d’abord un lieu d’architecture, qui est une place, et sur cette place
l’Histoire se déroule […] Alors que la maison privée, en particulier celle
du prince, est le lieu de la trahison et de la fourberie. »
Rien que le positionnement de Judas dans la Dernière Cène, isolé
ou dans le groupe, permet de comprendre le passage d’
« un système mnémonique, juxtaposé, clos, répétitif même, à un
système rhétorique de persuasion du spectateur ».
A propos de l’Olympia de Manet et de la Vénus d’Urbino du
Titien :
« On peut
s’interroger sur la façon dont une œuvre peut suggérer un regard tout à fait
inattendu, singulier, personnel, appropriateur, de tel artiste sur tel artiste
du passé. »
Nous sommes conduits au-delà des images des dieux des
anciens
« enchevêtrés les uns
avec les autres, qu’un même dieu montre souvent diverses choses et que divers
noms signifient parfois une même chose »
quand Freud est cité :
« Des
associations d’idées mènent d’un élément du rêve à plusieurs pensées, d’une
pensée à plusieurs éléments. »
La description d’une Annonciation par une étudiante peut
aussi nous éclairer :
« A gauche, il
y a un jeune homme richement vêtu avec des ailes. C’est peut être un ange. Ce
jeune homme a l’air de rendre hommage à une jeune femme vêtue d’un très beau
manteau bleu. Au dessus à gauche, bizarrement il y a un vieillard accoudé sur
un nuage, peut être Dieu. »
Oui il est question du maniérisme, de
« pensements » et du « désoeuvrement de l’art » pour
permettre de savoir pour mieux voir.
J'ai failli louper ce billet, et c'eût été dommage...
RépondreSupprimerDaniel Arasse est mon idole. Je le considère comme un des plus grands intellectuels français, un Français qui donne de la valeur à la France comme pays des... lumières. Je sais des éléments sur la vie de Daniel Arasse (mais très peu) qui m'impressionnent beaucoup sur la grandeur de cet intellectuel.
Juste un petit mot sur la mémoire, quand même... il est bon, et très utile de répéter ce qu'on souhaite apprendre PAR COEUR. Il est bon de combiner divers approches pour garder en soi ses trésors pour pouvoir les retrouver au moment voulu. Dit pour une époque qui voudrait balayer le.. par coeur.
Oui, Daniel Arasse fait partie de ces intellectuels qui ont compris la portée de la psychanalyse mieux que certains psychanalystes (et oui, le monde marche ainsi. Etonnant mais vrai.).
Merci pour ce beau billet qui lui rend honneur.