qui nous est proposée à la MC 2 : théâtre dans le
théâtre, partir ou rester à la campagne, incomplétude de l’amour et destins
inaccomplis.
Les malentendus, les apparences, participent à cette comédie ainsi
définie par l’auteur, où cependant on ne rit guère.
Les images alimentées par des vidéastes mettant en valeur
les expressions des comédiennes composent un mur graphique attirant les
regards mais éloignant du scénario qui finit cependant par s’éclaircir à la
longue. Cette virtuosité autour des images me semblait comme issue d’un jeu découvert
depuis peu au détriment de la profondeur du texte d’une actualité
brulante :
« Les hommes, les
lions, les aigles et les perdrix, les cerfs à cornes, les oies, les araignées,
les poissons silencieux, habitants des eaux, les étoiles de mer et celles qu’on
ne peut voir à l’œil nu, bref, toutes les vies, toutes les vies, toutes les
vies se sont éteintes, ayant accompli leur triste cycle...
Depuis des milliers
de siècles, la terre ne porte plus d’êtres vivants et cette pauvre lune allume en vain sa lanterne. Dans les prés, les cigognes ne se
réveillent plus en poussant des cris, et l’on n’entend plus le bruit des
hannetons dans les bosquets de tilleuls. Tout est froid... froid... froid...
froid... Tout est désert... désert... désert... J’ai peur... peur...
peur... »
Lorsque je me relis, je vois que j’ai dépassé le moment où
je m’émerveillai de la nouveauté des procédés. Je préfèrerais à présent des
mises en scènes plus sobres allant chercher plus d’intériorité.
Il y a des livres pour ça ; mais je n’aime pas trop
lire le théâtre dont les émotions ne peuvent pas être
indexées sur la précision d’un zoom.
Je partage tes sentiments ici, Guy. Le problème avec les images, c'est qu'à la longue elles attaquent et font imploser la possibilité de l'intériorité. Depuis la maîtrise d'Ovide dans "Les Métamorphoses", on a les moyens de savoir ça, car Ovide le démontre avec art, dans le récit sur Narcisse. Il y a un équilibre fragile à maintenir entre intérieur/extérieur, dedans/dehors. Mais à l'heure actuelle, nous sommes submergés d'images, sans même pouvoir nous rendre compte de l'ampleur de ce phénomène. ll n'y a qu'à regarder la multiplication des miroirs dans les espaces, publiques ou privés, pour avoir une idée de l'ampleur de l'aliénation que provoque une DEBAUCHE d'images...
RépondreSupprimerLe plus difficile étant de con-joindre texte et image, la lettre et la figure, pour la conscience humaine. Nous sommes des êtres de lettres ET d'images. Mais quand l'un prend un trop grand pas sur l'autre, nous trinquons.
Recommandé : "Thank you, Shakespeare", de Philippe Torreton. Un grand bonheur qui remet le théâtre à une place vivante, où il n'est pas phagocytée par les images objectivées, en tout cas.