Nous nous
apprêtons maintenant à suivre les
recommandations de la bijoutière et pour cela partons en voiture vers le BOURG
d’HEM. En chemin, des panneaux touristiques informatifs
signalent le moindre spot, souvent pour
décrire ce qui n’est plus mais qui fut. La petite route traverse la campagne et
la forêt, dans des paysages peu peuplés. Nous stoppons au bord de la Creuse
près d’un pont, incités par la présence d’un parking au bord de l’eau sous les
arbres et dans la verdure dans un décor tout à fait bucolique. Deux véhicules
espacés profitent déjà de l’endroit. Malheureusement, l’eau sale, marronnasse
n’engage pas à la baignade, d’ailleurs interdite ainsi que le canoë, mais rien
ne s’oppose à la sieste au farniente voire à la pêche. Nous nous dégourdissons
les jambes en longeant la Creuse en passant le pont jusqu’à un barrage installé
dans le lit de la rivière et marquant la fin de la route. C’est calme, les
oiseaux chantent, nous rebroussons chemin nonchalamment pour remonter dans la voiture
et partir vers LA CELLE DUNOISE sans
tirer vers le bourg d’Hem, par erreur d’aiguillage. Le joli village un peu
perché, recommandé lui aussi par la bijoutière bénéficie d’une arrivée qui lui
assure une bonne mise en valeur. La rue
principale déserte à cette heure méridienne descend vers un pont
conduisant sur l’autre rive à l’Auberge des pécheurs étonnamment fréquentée.
Cette agréable guinguette au bord de l’eau surprend par sa taille sa terrasse
et son armada de serveurs diligents. Nous y trouvons place et savourons un pâté
aux pommes de terre et une bière ambrée servie dans des verres en forme de
sablier : le kwak. A se demander d’où sortent tous ces clients alors que
nous ne croisons personne ni dans les villages ni sur les routes. Mais l’établissement
semble être réputé, avec un public varié et mérite son succès. En pleine
digestion, nous passons le pont jusqu’à la rue principale et le centre du
village, attirés à l’aller par la curieuse église du XII° XIII° consacrée à
Saint Pierre Es Liens. Elle est classée
monument historique, a subi maints remaniements au cours des siècles, et
supporte un clocher carré terminé par une flèche sombre. A l’intérieur, une
imitation de Notre dame de Lourdes sur fond de grotte placée en hauteur apporte une touche un peu inattendue dans le mobilier habituel. Nous ressortons à la recherche d’un autre
édifice autrefois incontournable des villages,
encore en activité à la Celle, et après y avoir acheté des timbres et
envoyé nos cartes, nous quittons le bourg pour nous rendre à la TUILERIE
de POULIGNY sur la commune de CHENIERS.
L’entreprise ne produit plus de tuiles de nos jours, elle a été transformée en
lieu de stages de potiers mais aussi en écomusée dans le but de transmettre la
mémoire des gens qui y vécurent, la mémoire de leurs conditions de vie et de
leur travail de leurs outils et de leurs savoir-faire. Lorsque nous
débarquons, des organisateurs s’activent
et préparent la fête des vieux métiers
prévue demain dimanche : ils relancent
sur des champs fauchés, des batteuses à vapeur et autres machines
toussoteuses reléguées depuis des décennies aux oubliettes, exposent à même le sol des balances, du
matériel agricole : chèvre, faux,
cardeuses, vannes d’irrigation… Un boulanger censé nourrir les visiteurs
teste lui aussi son four à pain, en plein air. Mais ces préparatifs ne
compromettent en rien notre visite. L’employée
qui nous accueille à l’entrée connait bien la tuilerie elle se montre
intarissable et passionnée. Elle nous
fournit toutes les informations et répond à nos questions avant de nous lâcher
à notre rythme dans l’ancienne fabrique,
avec 4 autres personnes vélo cyclistes de passage-
1830 : le 1er tuilier à s’installer s’appelle Jean Monsieur, et
rompt avec la tradition des tuiliers itinérants. Il se sédentarise vraiment en
1840 et embauchent des saisonniers- L’argile
l’eau et du bois en grande quantité (23 mètres cubes
pour une cuisson), à proximité l’un de l’autre, constituent les trois éléments
indispensables à l’implantation de ce type de fabrique.Tout se fait
sans l’aide de machine industrielle, de l’extraction de l’argile au nettoyage
jusqu’au pétrissage avec les pieds et les jambes enduits de saindoux de
novembre à mars. La phase de confection
à la main se déroule de mars à novembre. Le travail est dur, long
répétitif, fatiguant jusqu’à obtenir les tuiles carrées, des briques,
pleines, creuses…- La
tuilerie ressemble à un petit hameau plutôt qu’à une usine. Plusieurs bâtiments
occupent l’espace. Les hangars
aux toits couvrants et bas, au centre, servaient au séchage et à
entreposer le long four à bois. Il ne fallait pas moins de deux semaines pour
remplir ce dernier, compter plusieurs jours pour la cuisson, et plusieurs jours
pour le refroidissement. Beaucoup de métiers, tuiliers, briquetiers, potiers
mais aussi forgerons charrons et charbonniers intervenaient dans les
différentes étapes de fabrication.La maison à
2 feux du tuilier de Jean Monsieur a remplacé la 1ère habitation des
débuts trop petite et rustique. Elle manifeste un certain statut social et
degré de richesse en utilisant des
briques certes mais liées à la chaux.
Les parents logeaient d’un côté, leur fils ainé et sa famille de l’autre (Les
Trigoud). Un lavoir, un puits, des champs pour les bêtes et un potager
aujourd’hui disparu permettaient une autosuffisance aux habitants vivant loin
de tout.-
Aujourd’hui, la tuilerie accueille en résidence des potiers. Un hangar abrite
des fours de type, différents, transformés réétudiés, par des artistes en
recherche de cuissons et de résultats originaux. Ainsi le four du canadien, le
four au raku du Coréen, d’autres fours romains ou plus simples se
côtoient-ils avec parfois un exemple
d’œuvre obtenue à proximité.- Dans une
construction plus récente où des potiers
ont déposé des créations, un petit film nous convie à la remise en route
récente du four et à la rénovation du site abandonné depuis 1962. Le dernier
tuilier à y avoir travaillé a pu collaborer à cette rénovation, seul à encore
posséder la mémoire des techniques anciennes et du fonctionnement du vieux
four.Sur le plan
historique et parce que isolé dans la campagne, le site a proposé un abri idéal pour les résistants et les cache d’armes en 40-45. En 46 la main-
d’œuvre a été assurée par les
prisonniers allemands. Notre tour
fini, nous apprécions les progrès d’installation et l’animation plus importante
dans les préparatifs de demain, il règne comme une ambiance paysanne, une
ambiance de récolte en fin d’après-midi.Nous
rentrons en passant par un Leclerc choisir des plats tout prêts pour ce soir et
un tire-bouchon décapsuleur destiné à équiper le airB&B.
Nos vacances se
terminent, demain nous revenons chez nous.
Visite très intéressante, merci.
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