dimanche 25 juin 2023

Si vous voulez bien passer à table. Grégory Faivre.

Succulente pièce, fidèle au programme annoncé, quand le théâtre rencontre la cuisine : 
« les deux univers habillent le réel pour le rendre plus supportable et il s’y joue quelque chose de précieux et fragile dans le rapport à l’autre, à la curiosité et à la diversité. » 
La politesse du titre est prouvée après une heure quarante cinq, et sa modestie usant du français sans mot démesuré, permet de s’adresser à tous les publics, ce qui n’est pas donné à toutes les compagnies.
Des fables de la Fontaine et des références légères à Brillat Savarin ou Dumas rehaussent le goût des autres. Les points de vue varient de chaque côté des portes battantes entre salle et fourneaux et brossent de savoureux portraits entrecoupés de séquences rythmées par la musique des casseroles, fouets et couteaux. Par quoi commencer une vinaigrette ? Les mots des producteurs locaux : « Oui chef ! » « Ya pas de souci » s’accordent avec la poésie des intitulés de plats: de « sarabande folle de douceurs exquises » à la « purée » finissant en « écrasé de pomme de terre ». 
Nous retrouvons des saveurs familières, en divers lieux, mais en ces temps amers, j’ai apprécié particulièrement la mise en valeur du goût du travail bien fait qui atteint même le débutant ne sachant pas ce que « pocher un œuf » veut dire. Hommes et femmes sont valorisés, aussi bien la végan que la bouchère alors que le destin des amoureux peut basculer autour d’un Martini. 
Les ingrédients sont sublimés, quand une île flottante peut révéler bien des mystères comme une tarte aux pommes réveiller les souvenirs et le lard fumé dans une quiche contribuer à étayer une personnalité.

1 commentaire:

  1. Ouais.
    Ta critique me pose une question existentielle.
    Quand je suis arrivée en France, je parlais un français assez littéraire, ayant appris beaucoup par les livres...
    Encore maintenant, je me fais épingler comme pétant plus haut que mon cul par des gens qui... probablement ont mon vocabulaire, mais sont complexés à l'idée qu'ils pourraient laisser quelqu'un de côté s'ils emploient tel mot.
    Tout ceci me lasse considérablement, car c'est la première raison pourquoi nous courons vers le bas... avec les meilleures intentions du monde, et sans même la reconnaissance du "peuple" ciblé qu'on veut... inclure, qui se sent vaguement méprisé, et à juste titre, d'ailleurs.
    Insoluble. L'égalitarisme... est la poisse. Pire encore, l'égalitarisme est vraiment le plus méchant... virus de tous les virus.

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