Succulente pièce, fidèle au programme annoncé, quand le
théâtre rencontre la cuisine :
« les
deux univers habillent le réel pour le rendre plus supportable et il s’y joue
quelque chose de précieux et fragile dans le rapport à l’autre, à la curiosité
et à la diversité. »
La politesse du titre est prouvée après une heure quarante
cinq, et sa modestie usant du français sans mot démesuré, permet de s’adresser
à tous les publics, ce qui n’est pas donné à toutes les compagnies.
Des fables de la Fontaine et des références légères à
Brillat Savarin ou Dumas rehaussent le goût des autres. Les points de vue
varient de chaque côté des portes battantes entre salle et fourneaux et
brossent de savoureux portraits entrecoupés de séquences rythmées par la
musique des casseroles, fouets et couteaux. Par quoi commencer une
vinaigrette ?
Les mots
des producteurs locaux : « Oui chef ! » « Ya pas de
souci » s’accordent avec la poésie des intitulés de plats: de
« sarabande folle de douceurs exquises » à la « purée »
finissant en « écrasé de pomme de terre ».
Nous retrouvons des
saveurs familières, en divers lieux, mais en ces temps amers, j’ai apprécié
particulièrement la mise en valeur du goût du travail bien fait qui atteint même
le débutant ne sachant pas ce que « pocher un œuf » veut dire. Hommes
et femmes sont valorisés, aussi bien la végan que la bouchère alors que le
destin des amoureux peut basculer autour d’un Martini.
Les ingrédients sont
sublimés, quand une île flottante peut révéler bien des mystères comme une
tarte aux pommes réveiller les souvenirs et le lard fumé dans une quiche
contribuer à étayer une personnalité.
Ouais.
RépondreSupprimerTa critique me pose une question existentielle.
Quand je suis arrivée en France, je parlais un français assez littéraire, ayant appris beaucoup par les livres...
Encore maintenant, je me fais épingler comme pétant plus haut que mon cul par des gens qui... probablement ont mon vocabulaire, mais sont complexés à l'idée qu'ils pourraient laisser quelqu'un de côté s'ils emploient tel mot.
Tout ceci me lasse considérablement, car c'est la première raison pourquoi nous courons vers le bas... avec les meilleures intentions du monde, et sans même la reconnaissance du "peuple" ciblé qu'on veut... inclure, qui se sent vaguement méprisé, et à juste titre, d'ailleurs.
Insoluble. L'égalitarisme... est la poisse. Pire encore, l'égalitarisme est vraiment le plus méchant... virus de tous les virus.