Partis
pour Guéret, nous avons programmé une
étape à ORADOUR-SUR-GLANE situé à
une trentaine de km de Limoges. Après un
petit déjeuner au café Milord du bourg, nous nous avançons
vers le mémorial du village martyr.Il présente
à l’entrée et à l’intérieur de nombreux panneaux à lire informant sur le
nazisme et sur le village dont voici quelques exemples :
* Ici se sont réfugiés des alsaciens,
des lorrains des espagnols, des juifs
* Pour un soldat tué, les autorités
allemandes appliquaient le tarif de 10 otages exécutés,
un autre tarif correspondait à un soldat
blessé.
* Les allemands auraient justifié
le massacre d’Oradour par la disparition
ou l’enlèvement d’un gradé de
leur rang. En représailles, 643 villageois furent encerclés et décimés.
* le procès à Bordeaux qui inculpe les Alsaciens incorporés dans l’armée allemande « malgré
nous », mécontente autant les familles meurtries que les Alsaciens qui en
ont fait une cause commune et sur
lesquels porte l’opprobre.
- Les habitants d’Oradour tournent
alors le dos à l’administration et aux élus français ; ils s’érigent
en association pour honorer la mémoire de leurs morts, et cela jusqu’en 1970.
Un petit
film de 12 minutes retrace le déroulement de la journée du 10 juin 1944. Il
n’en réchappa que peu de survivants
- Pour la
visite à l’extérieur, le ciel nuageux nous protège des ardeurs du
soleil, la grisaille convient à l’ambiance.Le village
brulé très bien entretenu est conservé derrière des murs protecteurs, dans une enceinte close. Des plaques discrètes
définissent les maisons en ruines, sans toiture : le café Milord, le
coiffeur, le forgeron, le négociant en bestiaux, le garage, les fermes, le dentiste
et le médecin, l’épicerie, la vente de laine de tissus … et rendent compte de la
configuration du bourg. Dans les
jardinets des objets invaincus par le feu révèlent des activités
humaines courantes: on aperçoit des machines à coudre, du matériel agricole,
des vélos et des carcasses de voitures, des plaques de cheminées. Des restes de
rames et de lignes du tram traversent la rue principale. Sur certains murs
figurent en quatre endroits des plaques
commémoratives signalant des lieux d’exécutions à la mitraillette, et celle rajoutée :« Souviens toi,
remember ».- L’église
devant laquelle un Christ montre sa douleur
ne servit pas de refuge aux femmes et enfants entassés de force dans la
maison de Dieu qui se transforma pour eux en maison de l’horreur lorsque porte
close, les allemands y mirent le feu. Le
plafond s’écroula, les cloches fondirent, nulle échappatoire possible.
L’ossature d’une poussette d’enfant laissée là renforce le sentiment
d’inhumanité et de barbarie de l’acte.Autre
punition infligée, les tortionnaires voulurent faire disparaitre tous les
corps ou les rendre méconnaissables et priver ainsi les victimes d’identité et
les familles de leur deuil, ils tentèrent même de faire effondrer l’église- A
l’extrémité du village au nord un
cimetière accueille les dépouilles des 2 Oradour, l’ancien et le moderne. Au
fond, a été édifié un monument aux martyrs composé de deux cercueils en verre
cerclés de bois remplis d’ossements, d’une colonne et de plaques commémoratives
personnalisées par des photos ou honorant les différentes communautés présentes
lors du massacre.La place du
champ de foire près de l’épicerie/ bar Milou sépare le cimetière du village.
C’est là que les allemands regroupèrent toutes les âmes avant leurs exactions.Beaucoup de visiteurs
déambulent sur le site parmi lesquels beaucoup d’étrangers et nous entendons
parler des belges, des anglophones des espagnols et des allemands. Ils
respectent instinctivement le silence et la propreté des lieux, contiennent les
petits débordements des enfants et évitent les selfies irrespectueux, touchés
par la charge dramatique qui plane sur
ce musée en plein air.Ce n’est pas l’esprit léger que nous retournons dans l’Oradour moderne construit
à côté. Nous déjeunons cependant avant de partir « au bon accueil »
situé près de la mairie.
Oui, ce n'est pas de gaieté de coeur que je lis ceci ce matin. Je retiens entre autres horreurs, la profanation de l'église dans son statut de refuge, d'asile contre la barbarie humaine qui ne disparaît, et ne disparaîtra pas, en dépit de ce que nous appelons..."civilisation".
RépondreSupprimerTuer les femmes et les enfants dans l'Eglise constitue une profanation, comme je l'ai dit, et reflète le désir collectif ? individuel ? de détruire le fondement même de l'idéal judéo-chrétien dans la place qu'il accorde au caractère sacré de la personne humaine, INCARNEE, et pas un chiffre sur la page, pas un "usager", un "client", mais une personne en chair et en os. Tuer les femmes et les enfants dans l'Eglise attaque la mission de l'Eglise d'être un lieu de... vie spirituelle, intriquée à une vie charnelle.
En ce moment je trouve que nous sommes de nouveau submergés par les effets de ce "désir" d'en finir avec l'héritage judéo-chrétien, et que la barbarie... n'est pas forcément là où on peut la voir, tellement nous nous éloignons d'une conscience d'être des êtres de chair, et de sang, nous-même, tellement nous ne voulons plus nous INCARNER, me semble-t-il.