mercredi 7 juin 2023

Oradour-sur- Glane

Partis pour  Guéret, nous avons programmé une étape à ORADOUR-SUR-GLANE situé à une  trentaine de km de Limoges.
Après un petit déjeuner au café Milord du bourg, nous nous avançons vers le mémorial du village martyr.
Il présente à l’entrée et à l’intérieur de nombreux panneaux à lire informant sur le nazisme et sur le village dont voici quelques exemples :   
* Ici se sont réfugiés des alsaciens, des lorrains des espagnols, des juifs   
* Pour un soldat tué, les autorités allemandes appliquaient le tarif de 10 otages  exécutés, un  autre tarif correspondait à un soldat blessé.   
* Les allemands auraient justifié le  massacre d’Oradour par la disparition ou l’enlèvement d’un gradé de leur rang. En représailles, 643 villageois furent encerclés et décimés.  
* le procès à Bordeaux  qui inculpe les Alsaciens incorporés dans l’armée allemande     « malgré nous », mécontente autant les familles meurtries que les Alsaciens qui en ont  fait une cause commune et sur lesquels porte l’opprobre. 
- Les habitants d’Oradour tournent alors le dos à l’administration et aux élus français ;  ils       s’érigent en association pour honorer la mémoire de leurs morts, et cela jusqu’en 1970.
Un petit film de 12 minutes retrace le déroulement de la journée du 10 juin 1944. Il n’en réchappa que peu de survivants
- Pour la visite à l’extérieur, le ciel nuageux nous protège des ardeurs du soleil, la grisaille convient à l’ambiance.
Le village brulé très bien entretenu est conservé derrière des murs protecteurs, dans  une enceinte close. Des plaques discrètes définissent les maisons en ruines, sans toiture : le café Milord, le coiffeur, le forgeron, le négociant en bestiaux, le garage, les fermes, le dentiste et le médecin, l’épicerie, la vente de laine de tissus … et rendent compte de la configuration du bourg.
Dans  les jardinets des objets invaincus par le feu révèlent des activités humaines courantes: on aperçoit des machines à coudre, du matériel agricole, des vélos et des carcasses de voitures, des plaques de cheminées.
Des restes de rames et de lignes du tram traversent la rue principale.
Sur certains murs figurent  en quatre endroits des plaques commémoratives signalant des lieux d’exécutions à la mitraillette,  et celle rajoutée :« Souviens toi, remember ».
- L’église devant laquelle un Christ montre sa douleur ne servit pas de refuge aux femmes et enfants entassés de force dans la maison de Dieu qui se transforma pour eux en maison de l’horreur lorsque porte close, les allemands y mirent le feu. 
Le plafond s’écroula, les cloches fondirent, nulle échappatoire possible.
L’ossature d’une poussette d’enfant laissée là renforce le sentiment d’inhumanité et de barbarie de l’acte.
Autre punition infligée,  les tortionnaires voulurent faire disparaitre tous les corps ou les rendre méconnaissables et priver ainsi les victimes d’identité et les familles de leur deuil, ils tentèrent même de faire effondrer l’église
- A l’extrémité du village au nord  un cimetière accueille les dépouilles des 2 Oradour, l’ancien et le moderne. Au fond, a été édifié un monument aux martyrs composé de deux cercueils en verre cerclés de bois remplis d’ossements, d’une colonne et de plaques commémoratives personnalisées par des photos ou honorant les différentes communautés présentes lors du massacre.
La place du champ de foire près de l’épicerie/ bar Milou sépare le cimetière du village. C’est là que les allemands regroupèrent toutes les âmes avant leurs exactions.
Beaucoup de visiteurs déambulent sur le site parmi lesquels beaucoup d’étrangers et nous entendons parler des belges, des anglophones des espagnols et des allemands.
Ils respectent instinctivement le silence et la propreté des lieux, contiennent les petits débordements des enfants et évitent les selfies irrespectueux, touchés par la charge dramatique qui plane sur  ce musée en plein air.
Ce n’est pas l’esprit  léger que nous  retournons dans l’Oradour moderne construit à côté. Nous déjeunons cependant avant de partir « au bon accueil » situé près de la mairie.

1 commentaire:

  1. Oui, ce n'est pas de gaieté de coeur que je lis ceci ce matin. Je retiens entre autres horreurs, la profanation de l'église dans son statut de refuge, d'asile contre la barbarie humaine qui ne disparaît, et ne disparaîtra pas, en dépit de ce que nous appelons..."civilisation".
    Tuer les femmes et les enfants dans l'Eglise constitue une profanation, comme je l'ai dit, et reflète le désir collectif ? individuel ? de détruire le fondement même de l'idéal judéo-chrétien dans la place qu'il accorde au caractère sacré de la personne humaine, INCARNEE, et pas un chiffre sur la page, pas un "usager", un "client", mais une personne en chair et en os. Tuer les femmes et les enfants dans l'Eglise attaque la mission de l'Eglise d'être un lieu de... vie spirituelle, intriquée à une vie charnelle.
    En ce moment je trouve que nous sommes de nouveau submergés par les effets de ce "désir" d'en finir avec l'héritage judéo-chrétien, et que la barbarie... n'est pas forcément là où on peut la voir, tellement nous nous éloignons d'une conscience d'être des êtres de chair, et de sang, nous-même, tellement nous ne voulons plus nous INCARNER, me semble-t-il.

    RépondreSupprimer