vendredi 2 septembre 2022

Éléments de langage

« Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé »
:
les avertissements publicitaires venant contredire leur message initial, peuvent lasser tant ils sont répétitifs : après de nombreuses incitations à acheter une voiture (électrique), il est recommandé de ne pas l’utiliser : 
«  Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo »,
l’alcool, bien sûr, est « à consommer avec modération », 
par ailleurs « Jouer avec excès comporte des risques » 
et le pire est promis aux fumeurs dans le monde entier.
Tant d’évidences deviennent un fond sonore que nous ne percevons plus, elles participent  à nos « troubles dissociatifs de l’identité » et pour le moins aux hypocrisies régnantes.
Dans le domaine politique, si bavard où toute parole soupçonnée de n’être qu’« élément de langage » a du mal à se faire entendre, les silences tonitruants concernant l’agression dont a été victime Salman Rushdie apparaissent dans toute leur lâcheté.
Pour revenir sur un petit fait de campagne électorale qui m’a paru grave car se trouve affaiblie la parole anti-raciste quand elle est mise à toutes les sauces. Il s’agit de la polémique où apparait Clémentine Autain vis-à-vis de Taha Bouhafs. Celle là pour couvrir les accusations d'agressions sexuelles de celui-ci, amené à renoncer à sa candidature, avance l’argument d’une campagne raciste : c’est déplorable ! Quand ceux qui se proclament les meilleurs défenseurs des opprimé.e.s contribuent ainsi sans vergogne à affaiblir la parole publique, notre regard concernant notre société ne peut que s’assombrir.
Dans ce tableau pessimiste où l’outrance et la dérision n’arrivent pas à détourner les nuages des incendies allumés par nos semblables en Gironde, en Ukraine, au Mali, bien dérisoires peuvent apparaître les contradictions de ceux qui ne veulent pas « perdre leur vie à la gagner » tout en ne cessant de mesurer la qualité d’un travail à sa rémunération. 
« Il y a un temps pour tout, un temps de pleurer, un temps de rire, un temps à se lamenter et un temps de danser. » L’Ecclésiaste
Pour se la jouer plus solennel, j’élargirais la perversité et la faiblesse aux hommes en général quand ils dévoient les religions en machines à interdire la moindre mèche de cheveux et les sourires à leur égard.
Les avis des enfants parfois portés à bout de bras devant les fusils ennemis ou montés sur un piédestal, semblent désormais venir de cieux incontestables tant les vieux ont abandonné leur rôle de transmission.
Le passé s’est effondré, et dans les couinements de nos fours impérieux, de nos horloges pressantes, le temps s’accélère. 
« Pendant que je parle, le temps fuit. » Cadran solaire
Les deux dessins proviennent du journal "Le Point".
 

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