vendredi 1 juillet 2022

« On recrute »

Dans ce monde dingue - et ce n’est pas nouveau - la cohérence d’une réflexion me semble inaccessible, alors pour cette ultime chronique de la saison, je m’abandonne plus que jamais, à une trajectoire à « hue et à dia ».
Comment ne pas tomber dans ce qui m’horripile chez les autres: à savoir parler d’un autre sujet quand l’objet de la discussion dérange ? La place prise par la décision de la cour suprême à Washington concernant l’IVG m’a semblé démesurée alors que la guerre en Ukraine une fois la sidération passée est prise pour de la roupie de sansonnet. 
Il n’y a pas que Trump qui se la raconte, « chacun voit midi à sa porte » et se fabrique son propre soleil.
Je reconnais, deuxième précaution oratoire, que broder à propos des ruines et des cadavres depuis nos salles climatisées s’approcherait de l’indécence, s’il n’y avait pas d’autre posture possible: plus l’Ukraine est bombardée, plus elle bombe le torse. Près de la moitié de la population mondiale s’en fout ou se positionne carrément contre l’Europe. 
Nos petits calculs hexagonaux paraissent bien dérisoires avec des renverseurs de tables qui  prient pour que le chaos advienne mais n’assument pas, en usant de gros mots pour travestir leur fuite face aux responsabilités. Manuel Bompard a oublié qu'il était la République, en évoquant une déclaration du chef de l’état, il se permet de parler de « crachat au visage du peuple Français »; où est l’arrogance ?
Troisième excuse à l’égard de ceux qui me lisent : je ne sais sortir de mes rabâchages concernant les postes non pourvus chez les personnels de santé, d’éducation, de transports, de service, de colonie de vacances, de restauration… La jeune coiffeuse ne veut pas travailler le samedi, et la serveuse à la boulangerie pas le dimanche matin, elles ont Hellfest tous les week-end ? Certes plus grand monde ne souhaite  « perdre sa vie à la gagner », accueillons à bras ouverts les étrangers acceptant ces boulots, et ne pleurons pas sur la désindustrialisation de la France. Réduire l'aversion vis à vis du travail à un problème de rémunération est bien court; la marchandisation des actes aurait-elle atteint jusqu’aux plus déterminés des opposants au néo libéralisme ?
Le vertige peut saisir le campeur en sa zone tempérée aux alentours du 45° parallèle, le mot « tempêtrée » me venant sous les doigts. Fourmi dans la fourmilière globale, la succession des calamités, apparaîtrait presque comme régulation d’une population trop importante pour la planète. Poutine en ange exterminateur de la part de Gaïa viendrait en seconde lame après la COVID. Les hésitations des couples à procréer ramènent au sujet de la semaine : l'avortement. L'IVG constitue un point de friction majeur entre religieux et non-religieux, entre droite et gauche, et questionne la notion de libre arbitre dans tous les pays du monde. Les informations sur la contraception se sont révélées insuffisantes. L’homme ne croit plus en lui ni en l'avenir et la femme non plus.
« Les parents boivent, les enfants trinquent »: parmi les formules banales, celle-ci devient moins usitée, pourtant pour répondre à l'interrogation tout aussi courante concernant la planète que nous laissons à nos enfants, qui osera bannir l’expression « écologie punitive » et affirmer que la seule voie souhaitable mène à plus de sobriété?
Dans les espaces où les propagandes s’affrontent a-t-on oublié une étude qui minimisait l’impact des affiches sur les résultats électoraux ? « Au moins ça les occupe ! » Les militants collent, les publicitaires plastronnent, les électeurs s’abstiennent. 
Dans les cours d’éducation civique, dans les théâtres, les cinémas, les messages antiracistes se sont multipliés, l’extrême droite s’est renforcée. 
« La propagande est autochtone, la vérité vient d'ailleurs. » Alice Parizeau.
...... Ajout: The Lancet dans Courrier International: 
"La vaccination contre la COVID 19 a évité 20 millions de morts."

1 commentaire:

  1. On partage beaucoup de points de vue dans ta chronique, Guy. Je me souviens... de mon étonnement en voyant les Français, guillerets, tout contents de profiter des jours fériés religieux à côté des jours fériés de la République. Qui crache sur un jour férié ? (il me semble que déjà les Romains étaient en train de rouspiller contre les jours fériés trop nombreux sous l'empire, c'est dire...) Est-ce que je peux me permettre de dire que je ne vois pas à quoi... SERT un jour férié religieux quand "on" n'a plus la moindre idée à quoi ça correspond ? Pendant combien de temps peut-on maintenir les choses qui tombent progressivement dans l'oubli... collectif et individuel ? (ce n'est pas comme la deuxième guerre mondiale, mais là, comme toujours, les déformations finissent par gagner du terrain au point de fabriquer... de nouveaux mythes).
    Pour l'avortement... je vois à quel point mes amis français pourraient être choqués par le revirement aux U.S., mais il y a des limites à ce qui rapproche les Français et les Américains (certains Américains...), n'en déplaise à ceux qui gardent obstinément les étoiles dans les yeux envers et contre tout.
    Mais là où on se sépare, c'est sur le rajout du Lancet qui a affirmé par ailleurs les sérieux effets secondaires qui frappent une jeunesse que les vaccins menacent bien plus que la maladie elle-même. Je ne vois pas comment on peut décemment affirmer que les vaccins ont évité tous ces morts sans sortir... les tripes des bêtes, ou suivre le vol des oiseaux sur un rectangle découpé dans le toit, comme augures.
    Non. Je refuse de considérer cela comme une science digne de foi. Ce n'est pas le rôle de la science, ni des scientifiques de procéder à de telles affirmations.

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