A l’orée de la
saison où les livres, surtout avec un tel titre, s’invitent à l’ombre,
l’évocation de Francis Ponge à propos de l’auteur scandinave à succès m’a
décidé. Je ne regrette pas mon choix, même si des chapitres évoquant « les
coccinelles » ou « les arroseurs automatiques » me rappellent
davantage Philippe Delerm que le poète minutieux auteur du « Parti pris
des choses ».
Il faut bien 410
pages pour apprécier la diversité d’une écriture cherchant l’intégrité.
La chronique
quotidienne d’une vie à la campagne nous rend familière sa famille où jamais l’émerveillement
face au monde ne s’affranchit de la réalité, quand la fragilité d’un bouleau se
remarque « juste à côté de l’endroit
où je gare ma voiture ».
Son humour m’épate :
après avoir refusé une deuxième glace à ses enfants, il va s’en acheter une
pour lui tout seul.
L’observation des « groseilles »
ou des « moustiques » l’amène à des considérations aussi évidentes
que :
« Ce n’est pas parce qu’un idiot habite
en Norvège que la Norvège est un pays idiot ».
Une histoire d’amour
aussi discrète que violente amène du romanesque dans cette recherche des mots
justes nés du quotidien.
Et ce spécialiste du
peintre Edvard Munch peut nous embarquer loin, sans pontifier, lorsqu’il
nous fait connaître « Baptême à l’église » d’Harriet Backer :
« Le nouveau né
qui fait encore partie de la nature mais qui bientôt intégrera la culture,
n’est pas non plus ce à quoi je pense quand je regarde ce tableau, bien que
cette notion soit bien sûr présente… »
J’aime l’incertitude, les
nuances.
Entre deux chapitres consacrés
à « la pluie d’été » ou au « batteur électrique », au « cynisme »
ou aux « répétitions », les aquarelles d’Anselm Kiefer, que j’ai
connu plus noir et monumental, viennent aérer un volume à la fois riche et
léger.
Je vais rechercher les trois autres saisons puisqu’il s’agit
du dernier volume d’un quatuor.
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