Après une visite même pas décevante, tant le vide côtoie
l’insipide, à un centre d’art contemporain situé en haut du téléphérique de la
Bastille à Grenoble,
il a fallu me faire une raison pour aller faire un tour à
l’usine Fagor du côté de Gerland où j’ai bénéficié d’une invitation. Et j’ai apprécié. Non que l’humour que je goûtais jadis dans
les productions contemporaines soit revenu ou que toute prétention jargonnante
se soit évanouie, mais déjà le thème affiché ,« la fragilité », est
respecté.Des toiles amochées provenant de l’Hôtel Dieu jouxtant les sculptures
abimées du musée des moulages et autres statues sans tête relient le présent le
plus préoccupé par l’originalité à des œuvres que le temps a marquées. Un hall immense recueille des véhicules divers dans des paysages urbains
recouverts d’une fine couche de poussière grise : le concept simple est
impressionnant par son ampleur.Une accumulation de plaques perforées ayant servi aux
tissages lyonnais prend des allures monumentales. Leur beauté insoupçonnée peut
surgir dans la lumière comme au détour de vidéos auxquelles je me familiarise,
bien qu’elles soient devenues hégémoniques dans les propositions artistiques
d’aujourd’hui avec des musiques se perturbant d’un site à l’autre. Un trompe
l’œil réussi sur des parpaings, des personnages imaginaires originaux remettent
la créativité au premier plan. La cohorte des émules de Duchamp aurait-elle
fini de tourner en rond ? Quelques tas subsistent à l’état résiduel ;
les jeux avec les tailles nous divertissent avec des tripes monstrueuses, alors
que des intervenants sont requis pour animer un décor d’une maison
d’habitation, statique par vocation. Les peintures sont rares si bien que lorsqu'on en
trouve, on apprécie l’évocation des travailleurs devenus si peu visibles dans
nos villes et que l’artiste dont je n’arrive pas à retrouver le nom parmi tant
de performeurs transversaux, réhabilite. Ce sont ceux de la classe ouvière qui laissaient avec leur Fenwick des traces dans des locaux
désormais vides de l’électro ménager des temps travailleurs.
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