Les amateurs de musiques métissées n’ont pas été trompés
lors de cette soirée à la MC2, bien que l’expression de sonorités pygmées par le
quatuor à cordes occidental Béla ait été plus harmonieux que la rencontre d’une
subtile kora et d’un dispositif électroacoustique sans surprise.
Dans la première partie, des sons inédits
depuis violons et violoncelle, nous font découvrir des musiques d’Afrique du
Sud ou du Congo, et nous conduisent à la rencontre d’un Peul joueur de n’goni.
Par contre, après l’entracte, les outils informatiques, sur
lesquels tapote un compositeur, restent froids, submergeant de leurs harmonies
planantes ou inquiétantes la musique née des mains d’un musicien.
Evitant d’insister
sur les oppositions trop faciles entre homme et machine, je ne m’appesantirai
pas non plus sur les termes d’une feuille d’accompagnement de ce spectacle de
2h 30 qui évoquent : « immergés
ensemble dans un univers sonore spacialisé », référence qui a le don
de faire bondir l’ancien soumis au « référent bondissant ».
Le plus authentique moment de dialogue fut quand un
téléphone s’est mis a sonner et que la kora lui a répondu : cet
impromptu a fait sourire et applaudir la salle.
Dans cette deuxième partie, j’ai eu parfois l’impression
d’entendre des bruits d’hélicoptères recouvrant quelques notes ténues et ne
pouvais m’empêcher de penser à « Wagner », du nom d’un groupe de mercenaires meurtriers ayant pris le pas sur
celui du musicien romantique.
Je veux
plutôt retenir la précision des violonistes, l’inspiration et les recherches
des compositeurs de la première partie, qui ont répondu à l’intitulé de la
soirée et nous ont laissé sur l’impression d’une modernité s’accordant à la
tradition.
Amen. Hier soir je disais à une connaissance que je déserte la musique quand elle prend le parti de détruire la mélodie et la pulsation. J'irai plus loin : je n'accepte pas de qualifier de "musique" des entreprises... sonores tendance qui se contentent de s'opposer frontalement à l'héritage musical occidental. De même que je trouve que Picasso a gâché son talent, et de ses propres dires, en fuyant du côté de l'abstraction, je trouve que déjà au 20ème siècle les compositeurs se sont raconté des histoires en s'imaginant que le "nouveau" qu'ils promouvaient, en taxant la mélodie de "sentimentale", par exemple, allait les... sauver et faire d'eux des musiciens. Ces positions ne sont ni populaires, ni tolérantes, mais je me fous maintenant d'être populaire ou tolérante, comme tu le sais. Ou bien, pour nuancer, je me fous d'être tolérante sur ce plan.
RépondreSupprimerEt les dispositifs qui... réduisent l'Homme à un être qui se contente d'appuyer sur des boutons me font horreur.
Oui, pour le très beau, très... noble quatuor à cordes qui est d'une subtilité qui fait du bien à une époque qui se nourrit de brownies avec 4 cuillers à soupe de cannelle.