dimanche 1 mai 2022

Ce qu’il faut dire. Léonora Miano Stanislas Nordey.

J’avais suivi le metteur en scène Nordey avec des hauts et des bas, 
et j’avais envie de me confronter à quelques problématiques autour de l’Afrique qui ces derniers temps auraient eu tendance à me déranger quand le mot race joue à contre-pied.
Il est loin le temps où j’eus droit au maillot des « Lions indomptables » sans qu’il fut question d’appropriation culturelle, pas plus que lorsque je croisais des gosses courant pieds nus derrière une trace de ballon de chiffons sous un maillot d’Arsenal déchiqueté. 
Les monologues accompagnés de percussions mettent en valeur les actrices « Afropéennes ». Et si je dois me résoudre à ce que les plateaux de théâtre n’accueillent pas forcément des dialogues, je reconnais que ces textes donnent à réfléchir même si parfois on aurait envie de réagir quand la présence chez nous de l’extrême droite me semble relativisée ou que l’action du TPI Tribunal Pénal International est remise en cause sans un brin d’explication.  
En cette fin de campagne présidentielle, j’ai eu le sentiment que ces questions d’immigration qui tant avaient agité la sphère médiatique étaient moins présentes, alors qu’au Mali, Wagner massacre sans que la moindre pétition ne soit proposée .
«  La question blanche » en introduction est pertinente, poétique, les mots sont pesés. Sans brusquerie est posée la question «  Que signifie être soi, être à soi ? » Notre peur, nos représentations, notre culpabilité sont reconnues, examinées, secouées.
La seconde partie «  le fond des choses » est une vaste entreprise balayant des siècles quand il s’agit par exemple d’immigration non choisie pour les occupants du May Flower arrivant au pays des Amérindiens ; esclavage, colonisation, exploitation. 
Mais le devenir des nations africaines aux contours dessinés par l’Europe, dépend aussi de leurs habitants, non ?
La conclusion s’avère trop lyrique et gémissante à mon goût, « La fin des fins » introduite par « J’ai fait un rêve » appelant celui de Martin Luther King se continue « … j’ai fait un putain de rêve ». Je viens de relire ailleurs le texte du pasteur : un grand monsieur.

1 commentaire:

  1. Je ne suis plus sûre de savoir ce que ça veut dire "poétique", "lyrique", par exemple. Je vois que ce sont des mots qui sont subtilement disqualifiés à notre époque, qui veut chasser les sentiments avec la sentimentalité. Il me semble que notre appétit pour fabriquer des opprimés pour pouvoir prendre les armes pour les "émanciper" est insatiable. Nous sommes prêts à toutes les distorsions historiques pour fabriquer des victimes... sacrificielles. Nous nous passionnons davantage pour les gens qui sont loin que pour les gens qui sont près, aussi. Cela doit être plus confortable, gratifiant ? Avec l'énorme bénéfice de nous permettre de nous sentir... vertueux avec notre indignation, et de nous... rassembler autour d'elle.
    Certes, ça me met mal à l'aise... je suis consciente que l'unité politique... "républicaine", tout comme la démocratie athénienne, sont des phénomènes... sans aucune douceur. Avec des tambours battant. Il suffit de faire un petit tour au Musée de la Révolution à Vizille pour voir ça de près, et le constater. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la démocratie, et la république, quand elles ont le vent en poupe sont... sans pitié, sans nuance, et sans humour...
    Avis aux amateurs qui scandent les slogans sans penser.
    En passant, j'ai lu certains essais de Martin Luther King. Il était un croyant qui ne cessait de s'interroger sur comment traduire sa foi en acte. Un grand homme. Un grand croyant. Je crains que la plupart des personnes qui en réfèrent à lui minimisent le poids de sa foi chrétienne dans sa vie, son... ministère.

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