Mon enthousiasme pour ces 200 pages contredit les avis
mitigés que j’avais pu porter sur deux des ouvrages précédents de Philippe
Besson, à ne pas confondre avec Patrick Besson, ni avec les Tesson
L’émotion élémentaire qui vient avec ce récit retraçant le
départ hors du nid du petit dernier de la famille, tient à la clarté de l’écriture,
à l’évidence de ces heures, à la sobriété de l’histoire.
« Anne- Marie a
toujours aimé les déjeuners au restaurant avec ses enfants, sans doute parce
qu’ils étaient rares. Ils n’avaient jamais vraiment le temps et ils n’avaient
pas vraiment les moyens. Et puis Anne-Marie est une excellente
cuisinière : à quoi bon aller jeter l’argent par les fenêtres pour manger
moins bien qu’à la maison. »
La situation est banale et les sentiments universels sont d’autant
plus forts qu’ils sont retenus. Les plus petits détails ont leur beauté, non
telles les images que Delerm encadre, mais s’inscrivant dans un quotidien
terriblement ordinaire où le tragique n’est jamais loin. Et l’amour aussi.
« Certes le départ de Théo l’affecte beaucoup, elle l’admettrait sans
difficulté, si son mari ou qui que ce soit lui posait la question, elle
répondrait oui, oui bien sûr, comment il pourrait en aller autrement, il
faudrait être insensible, ne pas avoir de cœur pour se comporter comme si rien
n’était, et d’ailleurs, il n’y a pas de honte à ça, personne ne lui ferait le
reproche, tout le monde sait que c’est douloureux le jour où les enfants s’en
vont… »
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