samedi 20 mars 2021

Richesse oblige. Hannelore Cayre.

L’auteure de « La Daronne » mène deux récits alternant entre les recherches d’une narratrice, handicapée résolue à bénéficier de l’héritage d’une famille riche dont elle dénonce les mauvaises actions et le récit de la vie d’un ancêtre communard ayant bénéficié lui aussi de l’argent de la famille pour acheter un remplaçant qui mourra sur le champ de bataille en 1870.
Cet épisode de l’achat d’un remplaçant après tirage au sort défavorable ouvrant sur neuf ans de service militaire est instructif comme est dramatique le récit d’une pollution inspiré d’une escroquerie réelle qui avait vu le navire Probo-Koala déverser ses déchets toxiques en Afrique, intoxiquant des dizaines de milliers de riverains du port.
Le XXI° siècle ressemblerait paraît-il au XIX° : 
« ll suffisait d’avoir lu Balzac, Zola ou Maupassant pour ressentir dans sa chair que ce début de XXIe siècle prenait des airs de XIXe. » 
Les anachronismes ne manquent pas,  ainsi la critique de la société de consommation n’était pas, me semble-t-il, au cœur des revendications des communards dont il est intéressant par ailleurs de savoir que ceux de 1848 ne voyaient pas forcément d’un bon œil, arriver des jeunots.
Des limites très visibles sont tracées entre les bons et les méchants, bien que les personnages généreux aient bénéficié des pouvoirs donnés par un argent dénoncé pendant 220 pages.
Le roman à thèse aborde les menus proposant de la viande des animaux du jardin d’acclimatation quand les prussiens assiégeaient Paris, aussi bien que la pollution actuelle ou la légitimité des gilets jaunes, la cause de la souffrance animale, les turpitudes de l’art contemporain, le montant des loyers parisiens, excessifs, le matriarcat dans les îles bretonnes
« Croche dedans si tu peux, il n'y en aura pas pour toutes! » 
… les plantations d’arbre à Auroville, le chantier du nouveau palais de justice peu soucieux des handicapés… il n’a pas le temps de s’attarder  sur les protagonistes.
Ainsi la narratrice, Blanche de Rigny, a eu une fille par inadvertance mais celle-ci n’apparaît que comme une poupée à qui fermer les yeux quand la justice appelle sa génitrice, sinon elle la confie à Tatie, autre pantin sans âme, son amie. 
« Et qu'on ne vienne surtout pas me parler à propos des stups, de santé publique, vu ce qu'on mange et ce qu'on respire tous les jours. »

1 commentaire:

  1. Tant qu'à lire ce genre d'ouvrage, je crois que je préférerais piocher, non pas au 19ème siècle, mais dans la littérature antique, direction Rome.
    Comme quoi il y a de la répétition dans l'air...

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