mercredi 24 mars 2021

Craonne

Nous prenons le petit déjeuner avec des biscuits roses, spécialité de Reims et nous décollons vers 9h, direction Saint Quentin.
les petits pavillons modestes cèdent la place à quelques immeubles HLM bas. Nous ne traversons plus les vignes en ayant pris la direction du Nord Ouest mais plutôt des champs de chaume blond, immenses et plats. Le long de cet itinéraire sans autoroute ni péage, l’habitat désormais favorise les briquettes rouges.
Des panneaux indicatifs, avant l’arrivée à Laon, signalent  la présence marquante de la guerre de 14-18 dans les parages. Ils annoncent un cimetière anglais ou un monument des chars d’assaut, un petit cimetière en bord de route rassemble des petites croix identiques régulièrement espacées.
Déjà en 1814, la bataille de Laon avait été une des dernières de la campagne de France, Blücher l’emporta de nouveau contre Napoléon.
Puis apparaissent les noms de CRAONNE et chemin des dames
Nous n’avions pas imaginé être si près de ces lieux chargés d’histoire, que nous ne situions pas vraiment.
Nous nous détournons de notre route.
Craonne reconstruit après-guerre est tout juste un hameau avec une petite église, sans même un café sur la place. 
Craonne le vieux n’existe plus, à la place une forêt masque le terrain bosselé par les tirs de mortier et les bombes. 
Là, des panneaux  expliquent avec texte et images  le chemin des dames, l’origine de ce nom, les mutineries, les grottes et les caves où les Allemands coincés par une explosion française moururent asphyxiés. Le nom charmant du chemin destiné aux filles de Louis XV est devenu pour l’histoire celui du lieu des désastreuses offensives commandée par le général Nivelle.
Adieu la vie, adieu l'amour,  
Adieu toutes les femmes 
C'est bien fini, c'est pour toujours  
De cette guerre infâme  
C'est à Craonne sur le plateau  
Qu'on doit laisser sa peau  
Car nous sommes tous des condamnés 
C'est nous les sacrifiés 
Passant, souviens toi…

Mais nous n’avons pas trouvé de monument en l’honneur des soldats morts ou évoquant les batailles terribles. Personne ne vient troubler cette terre ensanglantée, si ce n’est les forestiers que nous entendons  travailler au loin. Nous n’avons pas pris le temps de monter jusqu’à l’observatoire.

1 commentaire:

  1. Je n'ai encore pas mis les pieds dans un de ces innombrables cimetières... à l'américaine, quand même plutôt qu'à l'anglaise où on voit une mer de petites croix blanches pour marquer les disparus.
    Première guerre industrielle ?
    Où nous prenions la mesure de l'ampleur des dégâts faits A LA PERSONNE SINGULIERE par l'industrialisme à outrance ?
    Je me dis que même sous l'empire romain où une quantité innombrable de bêtes et de condamnés en tous genres ont péri pour le divertissement du peuple,(et le maintien de l'ordre), la mort n'avait pas fauché de manière si indifférente ou indifférenciée.
    Merci, le progrès...

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