J’ai connu un jeune homme qui venait chaque jour au centre
culturel français de Douala au Cameroun
pour lire page à page « Le Dictionnaire » comme si c’était un roman.
Je suis venu à bout des 800 pages de ce dictionnaire
amoureux
consacré au festival de Cannes avec la même intention de
saisir le monde ou du moins son reflet à travers le cinéma, son histoire, ses
évolutions :
« Il fait
toujours rêver, même si les séries s’ingénient à le rendre obsolète, au besoin
en offrant à de grands réalisateurs, pour les tourner, des sommes faramineuses
que refusent par avance ceux à qui on ne les propose pas. »
J’ai vérifié que peu d’entrées m’étaient totalement
étrangères, car si le nom d’Axel Gabriel ne me dit plus rien, ma mémoire n’est
pas détériorée au point d’avoir oublié son film « Le festin de
Babeth ».
Par contre je ne sais rien de Degemark Pia dont le portrait à
la plume pas plus que d’autres dessins rabougris dispersés ça et là n’ajoutent grand chose à une collection pourtant séduisante.
Même si quelques listes érudites peuvent être intimidantes,
à travers le croisement des acteurs, des réalisateurs, il y de quoi nourrir le
regret de ne pas avoir vu par exemple « Two lovers » que l’ancien
délégué général du Festival résume avec efficacité, se rappelant son ancien
métier de critique.
L’essayiste sait
parler de « La Nouvelle vague » à propos de Truffaut :
« Il ne voulait
pas ressembler à Godard qui l’aida dans son combat contre les ainés
réalisateurs. Et ils vont le gagner, eux et d’autres, avec leurs munitions qui
tuent. Ces munitions sont les pellicules sensibles, les caméras légères, le son
direct, le refus de tourner en studio, l’improvisation pour Godard, le
frémissement pour Truffaut, les digressions pour les deux. C’est le temps de
l’autobiographie et des intuitions »
Le réalisateur donne envie de voir le film à sketches « Chacun son
cinéma » dont la séquence de Kaurismäki en particulier nous appâte
:
« où l’on voit une dizaine
d’ouvriers métallurgistes profiter de la pause de midi pour venir mâcher un
sandwich devant la projection de « La sortie de l’usine Lumière à Lyon » »
L’on aimerait savoir ce qu’on pu répondre les confrères de
Wenders à la question :
« Est-ce que le
cinéma est un langage sur le point de disparaître ou un art sur le point de
mourir ? »
Mais la réponse de Christine
Pascal à Piccoli dans « Les enfants gâtés » nous entraine loin :
«- Quelle est la
plus belle scène d’amour du cinéma mondial ?
- Quand Hardy
demande à Laurel :
« Qu’est ce que tu préfères ? Moi ou la
tarte aux pommes?
Laurel regarde Hardy, regarde le public et se met à pleurer. »
La diversité des films présentés sur la croisette et
alentours m’a toujours ravi avec l’intention ambitieuse :
« Saluer les maîtres, conforter des
cinéastes déjà reconnus, découvrir les futurs grands»
réalisée chaque
année, même s’il sait reconnaître les hauts et les bas de la programmation.
Si l’influence du directeur a été déterminante pour faire du
festival un évènement considérable, le ton de l’écrivain, tempéré par des
habitudes diplomatiques a ses attraits, même s’il a tendance à se donner le
beau rôle comme son successeur Thierry Frémaux qui avait écrit sur le même
sujet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire