samedi 6 mars 2021

Le pays des autres. Leïla Slimani.

Un marocain qui était dans l’armée française revient marié à une jeune alsacienne pour mettre en valeur la ferme de son père du côté de Meknès. Le titre exprime bien les difficultés, les contradictions de cette famille destinée à s’agrandir au début des années 50, veille de l’indépendance. 
«  N’avaient-ils pas une vraie existence, tous ceux qui travaillaient dans les champs de son père ? Ça ne comptait pas, cette façon qu’ils avaient de chanter, cette tendresse avec laquelle ils accueillaient Aïcha pour leur pique-nique à l’ombre des oliviers ? » 
A deux reprises, la fête de Noël, en des scènes marquantes, apparaît comme un moment de vérité.
La belle autrice, inspirée par l’histoire de ses grands-parents, fait évoluer ses personnages : la jeune mère a perdu de sa légèreté et le père de sa confiance. 
La limpidité de l’écriture ne donne jamais dans la caricature, sa ligne claire a déjà convenu à la bande dessinée. 
La tension monte au cours des 360 pages, sur fond d’une misère évoquée sans insistance à l’image de Mathilde préservée par son innocence, traversant des moments d’ennui et de solitude n’abandonnant pas. Pas de burn out sous le burnou.
Après des plaisirs lumineux exceptionnels au bord de l’océan, les flammes : 
« ...nos ennemis ou ceux qui devraient l’être, nous vivons avec eux depuis longtemps. Certains sont nos amis, nos voisins, notre famille. Ils ont grandi avec nous et quand je les regarde, je ne vois pas un ennemi à abattre, non je vois un enfant. »

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