Un tout petit truc a mis à terre les géants sur les épaules
desquels nous chantions.
Ces complotistes qui m’agacent sont mes frères, voire fils
du complotiste infecté que je suis devenu en train de découvrir le mot
« extimité ». Le lien fraternel qui devrait nous tenir à l’intérieur
d’une même nation, dont la notion vient d’être redécouverte, ne peut être vrai
que si les porteurs d’idées convenues et simplistes savent reconnaître que la
situation présente est quand même inédite et complexe.
A la mesure des dramatiques évènements planétaires, qui
pourrait souhaiter que tout redevienne comme avant ? La vie est polluante et
la blanche lumière vient du noir charbon.
Le chemin sera cependant long avec chacun dans son couloir, méprisant
toute idée d’unité nationale. Martinez appelle à la grève dans une France à
l’arrêt : celle là a toutes les
chances d’être suivie. Le végan nous avait bien dit de ne pas bouffer du
pangolin.
L’humilité n’est guère durable pour ceux qui accusaient
l’exécutif d’autoritarisme alors qu’ils lui reprochent sa prudence,
aujourd’hui.
N’avons-nous pas appris que nous étions ignorants ? En
ce qui me concerne, je n’étais pas accoutumé à savoir que les virus habitent
bêtes et gens depuis toujours et pourtant
« les virus couvent sous la cendre des forêts » https://www.courrierinternational.com/article/coronavirus-la-destruction-des-ecosystemes-par-lhumain-favorise-lemergence-depidemies
et toujours dans Courrier International un chroniqueur
québécois rappelle que « L’Amérique est le fait d’une suite
d’épidémies destructrices » https://www.courrierinternational.com/article/histoire-vu-du-canada-lamerique-est-le-fait-dune-suite-depidemies-destructrices
Nous vivons, coqs
sans stock, dans un temps présent qui se distend et nous en appelons à
ces flux tendus qui nous ont mis en difficulté : vite vite des masques
made de n’importe où !
Les acouphènes de nos machines s’atténuent sous le chant des
merles moqueurs de l’autre côté de nos vitres. Nous révisons que nos autonomies
dépendent de la coopération d’ici et là bas. La mondialisation était-elle responsable
de la peste noire (1347-1352) ?
Notre toute puissance prend un coup de mou quand la peur
devient bonne conseillère et la mort familière. Nous la cachions et maintenant
que les enterrements se font en catimini, ses rites nous paraissent indispensables.
Nous avions des idées bien arrêtées quant aux enfants-rois
que nos majestés avaient élevées. Nous voilà nus, à supporter, à affronter, nos
fragilités. Après les « allez-vous en ! » qui ne s’adressaient pas
qu’à des réfugiés à nos frontières vite réhabilitées, mais à tous les
responsables politiques, à nos voisins que nous fuyions pour en inventer
d’autres sous d’autres cieux, nous sommes invités avec Valérie Rouzeau à « allez
en vous », à hésiter : « j’euh »…
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