Si l’intitulé énumère trois titres de livres de l’auteur
américain, il ne fait pas émerger un sens particulier à ces heures saturées de
mots dont les intentions m’ont semblé partir en tous sens. A l’heure où les candidats en politique
proposent de ne pas décider eux, mais promettent aux habitants le dernier mot,
les artistes nous laissent plus que la marge pour interpréter ce que les interprètes
ont bien voulu dire. Il n’y pas que les maîtres devant leurs tableaux noirs qui
ont disparu, les managers derrière leur Power point ménagent leurs clients,
leurs ouailles, leurs collaborateurs.
Les créateurs posent sur le plateau cette indécision, ces
désarrois, cette crise des valeurs.
La salle n’est pas comble malgré le côté exceptionnel de la
proposition mais les départs définitifs restent assez rares.
Des bouchons d’oreille nous sont proposés car la musique
électro est prépondérante.
La langue est belle et l’écrivain qui m’était inconnu mérite
le détour. Après cette rencontre tonitruante, une lecture apaisée pour goûter
sa poésie vigoureuse s’imposera.
Cette citation provient du site Babelio, elle n’a pas été
prélevée lors de cette journée où l’humour s’est fait discret:
« Je suis passée
à côté.... pourtant j’aime DeLillo... j’ai accroché aux 50 premières pages puis
aux 30 dernières superbement écrites en digne héritier de Faulkner.... pour le
reste il m’a perdu, trop bavard, trop de circonvolutions au détriment de
l’action. Un roman américain pour les new-yorkais... je ne me suis attachée à
aucun personnage ».
A la sortie d’un tel spectacle, me venait la comparaison
avec un monument, voire, allons-y, une
cathédrale, pour l’ambition, l’ampleur, la masse des techniciens et des acteurs
requis même si le verdict des siècles demeure incertain.
Il y a de belles fresques qui peuvent rester énigmatiques
pour ceux qui n’ont pas la foi, et quelques morceaux de bravoure telles de
magnifiques statues posées ça et là par des officiants talentueux.
Les parois de verre coulissantes, les voilages sont devenus
des décors habituels et un final tout le monde à poil a déjà été vu. La
présence de caméras est systématisée.
Pensant échapper aux écrans qui envahissent nos vies, nous
nous retrouvons lors d’un spectacle vivant à regarder essentiellement par écrans interposés l’image des acteurs équipés
de micros HF. A un moment, au milieu de la vaste scène est édifiée une cabane en
contreplaqué très installation art contemporain, dans laquelle jouent les
acteurs jusqu’à ce que leur image même disparaisse pour ne garder que la voix. Ce
choix est fort et novateur.
La succession de trois pièces de trois heures
chacune à la queue leu leu dans un format hors norme fait passer au second plan le fil narratif qui évoque l’ennui,
la chair triste, la peur venant de toutes parts, et un terrorisme assez daté. Mao
et Moon sont de vieilles lunes.
Pourtant, comme avec son précédent spectacle, de par sa durée exceptionnelle son inscription
dans la mémoire supplantera sans doute d’autres représentations bruyantes
derrières leurs parois de verre.
http://blog-de-guy.blogspot.com/2017/01/2666-julien-gosselin.html
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