Outre le fait de payer toujours plus cher pour un nombre
d’expositions toujours moins nombreuses à être encore ouvertes à cette époque
de l’été, il est bien difficile de repartir avec le souvenir d’une découverte exceptionnelle,
le sentiment d’une créativité foisonnante ou d’avoir saisi l’idée forte de
l’année.
Nos regards rassasiés n’ont pu aborder des thématiques
concernant la réalité virtuelle ou le transhumanisme qui auraient peut être
apporté leur lot de nouveauté.
S’il ne s’agit plus, bien entendu, de rechercher la beauté
dans les expositions contemporaines, les émotions tiennent d’avantage aux
sujets qu’à d’harmonieuses proportions, des couleurs jolies ou des cadrages
inédits.
On retient les anciens : Depardon évidemment qui a trouvé aux Etats-Unis de quoi infléchir
sa carrière.
Robert Frank, Suisse
installé aux EU a dû inspirer le natif de Villefranche-sur-Saône avec son livre
préfacé par Kérouac : « Les Américains » où le hasard entre dans
les cadres, quoique la présence de planches contact montre que le maître sait
choisir.
De cette édition, la 49°, les photographies de Paul Fusco sont les plus émouvantes, prises en 1968, depuis
le train qui conduisait le corps de Robert Kennedy de New York jusqu’à
Washington, saisissant l’hommage de toute une nation dans sa diversité et
sa vérité. Travail repris plus tard à partir de photos d’amateurs qui
assistaient à l’évènement et reconstitué encore récemment en vidéo.
La fondation Luma présentait également dans d’amples
espaces Gilbert and Georges et
leurs provocations devenues banales sous leurs couleurs tranchantes :
« fuck » en tapisseries, bites et étrons sous verre, nudités roses et
anti-religiosité de mise.
Quand la critique par les artistes eux mêmes du milieu de l’art se monnaye
au nom d’une proximité populaire, j’ai des doutes, et lorsqu’une lycéenne piège
sa copine avec son portable devant des trous du cul, je m’interroge.
Le paysage artistique arlésien change : les ateliers
sont rachetés par Luma dont la brillante
tour est encore en travaux, alors les « Rencontres » recherchent de
nouveaux lieux.
L’un d’eux « La Croisière » aux allures de squat
convient bien avec ses toiles d’araignées et ses murs décatis à une évocation
assez conventionnelle de mai 68
L’affiche du festival signée par William Wegman procure un peu d’humour, denrée rare par ici, pour
aussitôt nous interroger sur cette mode actuelle qui souligne la proximité des
animaux avec les humains, jusqu’à en devenir chèvre.
Lauréat de la Résidence BMW 2017, Baptiste Rabichon propose quelques balcons fleuris,
et Gregor Sailer des fausses villes, des villages Potemkine, des façades de maisons.
et Gregor Sailer des fausses villes, des villages Potemkine, des façades de maisons.
Heureusement au « Ground Control », à l’arrière de
la gare, sur des parois d’aggloméré, des propositions parfois maladroites mais
novatrices sont présentées.
Ainsi un casseur de pierres cassé sur fond de cartes postales, des images inquiétantes d’un purgatoire crypté, une ferme qui va fermer, la guerre en Ukraine, Auroville , des églises transportées dans Bucarest après Ceausescu, photos insoupçonnées d’un grand père iranien, échanges Facebook…
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