En bon consommateur qui saute sur les friandises habilement
exposées à leur gourmandise, j’ai acquis ces deux petits livres posés à côté
des caisses de ma librairie préférée.
Me mettant depuis peu aux romans au long cours, par contraste je me suis peut être un peu trop
précipité sur ces élégants livrets peu épais.
La tablée. Pierre
Michon.
Un des exemplaires des carnets de l’Herne comptant 68 pages
se déguste certes comme une liqueur mais étant donné que le deuxième texte est une
ébauche de « Les onze »
Il y avait intérêt à que ce soit du bon. D’autant plus que deux
préfaces bavardes et tartinant leur érudition tout en imitant le sensible
écrivain ne me semblaient pas indispensables.
Une reproduction de qualité des peintures décrites aurait été
plus appropriée pour mieux saisir les deux tableaux de Manet analysés dans l’opuscule
qui à l’origine n'en faisaient qu’un.
Michon a donné la place principale à la table et a écrit un
texte riche :
« Qu'est-ce
qu'une table ? C'est un opérateur spatial et un médiateur social merveilleux,
une césure entre les corps, qui espace les corps les uns des autres et les
distribue, qui fait des corps des antagonistes pacifiés. La table semble
prendre de la place aux hommes ; mais non, en réalité elle en donne. »
D’un côté un artiste en haut de forme et une belle, de
l’autre un prolétaire. Nous sommes quelques années après le Commune. Manet a
tranché la toile en deux tableaux retravaillés : l’un « Le coin de
Café concert » est exposé à la
National Gallery de Londres, l’autre « Au café » en Suisse.
Conformisme. Charles
Ferdinand Ramuz.
Dans sa préface, Jacques Chesex a beau annoncer :
« Ce qui est
gênant dans ce texte de soixante-cinq ans, c'est qu'il n'a pas du tout vieilli.
C'est même, à être relu, qu'il trouve une virulence habile à venir dans nos
oreilles avec son reproche à la Suisse et aux Vaudois : nos torts, oui,
nos lâchetés. »
Tout ce qu’il y a de nouveau dans cette jolie brochure tient
au plaisir antédiluvien de trancher les quarante pages des éditions La Guépine
à l’Opinel, sinon le texte concernant les vaudois part à vau l’eau : juste
un jeu de mot palichon pour dire la fadeur de ces surplombantes lignes
conformistes.
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