Nous disparaîtrions.
La question est stimulante pour les artistes qui essayent de
répondre, alors que la politique n’a plus raison. Pourtant quelques gouttelettes
poétiques risquent de s’évaporer instantanément au contact des feux climatiques.
2147 : c’est la date à partir de laquelle la pauvreté
de l’Afrique diminuerait de moitié, selon un rapport de l’ONU. Les prévisions
économiques sont poétiques.
Par des textes, des danses, des chants, de justes images
projetées, nous passons près de deux heures agréables, bien que comme lors du
spectacle précédent du villeneuvien Moïse Touré, je ne sais en même temps voir
de la danse et comprendre un texte fluviatile
Les problèmes des réfugiés qu’on avait mis en mode avion
quand les lumières se sont éteintes dans la salle, reviennent sous les spots,
là sur la scène de la MC2 : un candidat au départ vers l’Europe ne voulait
pas rater la saison du ski, disait-il à l’employée de l’ambassade.
Un brin d’humour permet de souffler un peu sous l’abondance
des métaphores, l’évocation d’une histoire accablante, la litanie des martyrs
et le partage des douleurs. Une citation de quelques tribus peut avoir un effet
comique mais le tribalisme est, entre tellement d’autres, un des problèmes du
continent. Oui l’histoire-est-écrite-par-les-vainqueurs mais les auteurs ne se
sont pas cantonnés au ressassement anti-colonial, leurs propositions imagées
retiennent l’attention et donnent envie de prendre le temps de lire
tranquillement quelques textes qui font tapisserie derrière les corps et les
musiques.
L’évaluation bureaucratique datée avec une précision
ridicule expliquant le titre ignore les enjeux démographiques ou écologiques, elle
a donné quand même son élan à une représentation qui aurait pu fouetter plus
efficacement la réflexion.
Ainsi l’évocation de la charmante utopie avec trois
milliards d’humains dont des « Inuits du Burkina » regroupés en tour
de 40 étages dans la moitié sud de la France laisserait une planète intacte
tout autour. Prévoir quelques problèmes d’ascenseur.
Papillon cultureux, je me colle aux belles lumières, aux
chorégraphies bienvenues, aux mélopées berçantes, aux chiffons chatoyants
tombés des cintres et ne sais retenir de cette soirée que l’orbe d’un geste en
forme de point d’interrogation, qui désignerait la trajectoire de notre frêle
embarcation commune.
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