On fait comme si le danger n’était pas là ou comme si cela
allait de soi : incroyable !
Alors je reprends l’expression déplacée et ridicule du
compagnon d’une certaine Carla pour jouer de la dérision et faire un petit tour
autour d’un effarement.
Ce n’est pas la peine de peser la saillie la plus plaisante,
l’embarras le plus manifeste, à l’issue du premier débat concernant la
présidentielle sur TF 1 : la seule gagnante est la candidate de l’extrême
droite, légitimée parmi les légitimes.
Ce qui saute aux yeux, au-delà de ce moment, c’est la
banalisation de cette idéologie qui a perfusé bien au-delà de son périmètre
encarté.
La seule question qui vaille est de savoir qui elle affrontera
au second tour parce que fatalement, elle, y sera, elle.
Toutes ces années de citoyenneté, de civilités face aux
incivilités, avec renvoyées aux équevilles, ces lumières blafardes du désuet XVIII°
siècle, pour aboutir au degré zéro de la politique !
Nourri de jeux de mots, de
caricatures du Canard enchaîné et de transgressions tranquilles à la Charlie,
je regarde souvent la politique avec quelque distance pour ne pas céder à la
désespérance.
« La jeunesse croit beaucoup de choses
qui sont fausses, la vieillesse doute de beaucoup de choses qui sont vraies »
Mais il me faut récupérer mon esprit au bas de
l’escalier : n’est ce pas incroyable que cet évènement ne paraisse pas
plus ahurissant ?
J’ai trop usé de l’expression « à force de crier au
loup », et je sursaute à l’idée que notre pays puisse tomber aussi bas dans la surenchère
amère et sans nuance, les solutions les plus sommaires, les haines les plus
recuites, les analyses les plus mensongères.
Le printemps est là avec ses souvenirs de douceurs de jadis
quand mai était à l’espérance. Aujourd’hui le temps est à la crainte des excès
du thermomètre et des explosions fanatiques.
Face aux violences qui interpellent notre courage et notre
lucidité, l’école s’abîme dans l’insignifiance gnangnan quand un 12/20
écrit à l’encre rouge passe pour de la maltraitance !
Burn out pour tous ! Et les radios de rigoler, les
réseaux sociaux de ricaner, le papier de pomper.
J’ai regardé dans le dictionnaire à « irénique »
quand Le Monde a qualifié ainsi
Hamon :
« Attitude d'esprit condamnée par l'encyclique « Humani Generis »
selon laquelle on tolère de façon tranquille des erreurs graves, inacceptables,
par désir exagéré de paix et de conciliation. »
Et si
je suis issu de la culture rhétorique de Mélenchon, sa posture
« indignée » ne convient plus à mon arthrose (le poing et l’arthrose).
Les indulgences envers les casseurs en tous genres de la part de ceux qui sont
contre tout, toujours, me dérangent dans mon conservatisme quand je trouve que
notre société doit être d’avantage protégée que minée par les éternelles taupes
aux poils lisses. Nous sommes dans un beau pays et la République me parait d’autant
plus bonne qu’elle est sans cesse vilipendée, injuriée, offensée, moquée.
« C'est celui
dont tu as soigné l'impuissance qui te prend ta femme » Proverbe
africain
Cette
rage qui s’autoalimente dans tous les extrémismes, maquille en rouge, bleu ou
noir les profiteurs se dispensant de tout devoir.
Si
jadis chaque geste était politique, aujourd’hui la politique a déserté jusqu’à
son pré carré : le positionnement de Vals n’a été lu principalement que
sous l’angle d’une loyauté bafouée, alors que la mécanique des primaires broyant
les partis a été déterminante : effacement des débats à l’intérieur des
collectifs et surenchères partisanes.
L’impuissance
à réduire les injustices a été tellement intériorisée que les seules réponses
résident dans les envolées les plus délirantes, les projets les plus charmants
mais non financés, ou les renoncements.
« Le plus farouche orgueil
naît surtout à l'occasion d'une impuissance. » Paul Valéry
………………
Les illustrations sont copiées dans « Courrier
international » et « Le Canard enchaîné » :
J'ai déjà du évoquer le livre de Hayek, "The Road to Serfdom", "La Route vers le Servage", dans lequel Hayek observe finement comment, structurellement, la République, ou le mode de vie démocratique débouche inévitablement sur le fascisme, dans un mouvement de balancier qui va de Scylla à Charybde...
RépondreSupprimerVoilà une pensée, et des observations de vieux lucides...