La manière dont on lit influe bien sûr sur nos opinions.
A trop trainer, je me
suis perdu parfois parmi les personnages, mais l’écriture de l’écrivaine
américaine parmi les plus célèbres m’a fait reprendre chaque fois ce roman de
460 pages avec plaisir.
Avec ses talents de conteuse, elle fait croiser les récits
de quatre personnes qui reconstituent ce qui hante la mémoire d’une ville du
Nord Dakota : un lynchage après un crime abominable. Son attention aux choses
les plus infimes de la vie, aux tremblements de l’atmosphère, constitue une prose poétique qui va trouver
des saveurs jusque dans des vies mal parties.
Au-delà du charme aux
couleurs indiennes, elle nous fait aborder des mystères nouveaux, pas seulement
les dramatiques mais aussi les loufoques. Elle illustre parfaitement
l’expression pourtant trop rebattue : « elle réenchante le
réel ».
« J’avais cru que
je me sentirais joyeuse, mais j’éprouvais une peine confuse, ou peut-être de la
peur, car ma vie me paraissait une histoire vorace dont j’étais la source, et
avec ce baiser j’avais maintenant commencé à me livrer toute entière aux
mots. »
Des moments épiques : par exemple quand celui qui doit
prendre la succession d’un défunt après
avoir joué du violon que l’on vient d’extirper du cercueil, le brise !
Foisonnant et
chaleureux.
« Et il n’y aura
rien d’autre qu’un bal éternel, la poussière venant s’ajouter à la poussière,
où que l’on porte le regard.
Oh là là ! Trop apocalyptique, me dis- je
au moment de quitter ma maison pour rejoindre celle de Neve et aider mon amie à
affronter une nuit sans sommeil. »
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