Dans ces 180 pages vite lues, où l’usage du « on » me lasse quelque peu, j’ai éprouvé ma proximité avec le sexagénaire qui essaye : « plus les jours passent et plus j’ai envie de guetter la lumière ». Il s’interroge d’ailleurs sur le partage de ses sensations : « le plaisir minuscule est une possession personnelle dont les racines ont bien souvent à voir avec l’intensité des sensations de l’enfance. Chaque individu reste une île. Une île courtoise, qui se laisse accoster, mais pas envahir ». Toujours cette pudeur, cette légèreté d’une poésie du quotidien qui éclaire sans crier : les figues, le dimanche matin, les brocantes, un trois étoiles, les appartements aperçus depuis le métro aérien, une pâtisserie, les gares… Quelques émois et celle à qui il a dit « je suis à court de fleurs » avec qui il a passé sa vie, et cette femme de pompier newyorkais qui déclare : « de toute façon, en quinze ans avec lui j’ai connu davantage de bons moments que la plupart des êtres humains n’en connaîtrons dans une vie ». Parfois plus grave que d’habitude dans cette dernière livraison, il peut bien trouver du bonheur chez les amers (Cioran, Renard, Léautaud) que son indéfectible attention aux hommes nous ravira encore, en flattant notre goût des retrouvailles avec un familier.
Je dois au célèbre professeur écrivain, quelques heures de classe enchantées.
J’avais alors quelques élèves blasés, et sa version des petits plaisirs pour les petits (« C’est bien ») était sortie opportunément. Après une lecture quotidienne d’un court chapitre, j’avais pu vérifier auprès de chaque élève quand il dut s’exprimer à son tour par écrit, que la démarche n’avait pas été vaine pour la plupart ; on ne parlait pas alors à tout bout de champ d’évaluation.
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