J’avais envie de retrouver John Berger dont j’avais beaucoup aimé « Joue moi quelque chose », poignante chronique paysanne. Si l’anglais s’est posé depuis longtemps en Haute Savoie, c’est le monde au-delà des montagnes qu’il regarde avec finesse. Le peintre s’est fait écrivain et ses avis de critique font autorité. Cet ouvrage témoigne de la variété de ses connaissances, il dialogue avec Maryline Desbiolles, évoque Platonov et Darwich. Il milite pour la Palestine et a connu le sous-commandant Marcos. Tous ces échos enrichissent les 190 pages où des dialogues sur l’image, la résistance, les animaux voisinent avec des photographies, des citations de Rilke et de Spinoza, des poèmes, l’évocation de Van Gogh avec la mise bas d’une vache… J’ai préféré la courte nouvelle qui donne son titre au livre dans ce qui est une compilation comme on en voit beaucoup, certes sympathique mais un peu paresseuse. La sympathie dont il fait preuve quand il parle des paysans, le soin apporté aux mots pour leur faire exprimer tout leur jus valent cependant le voyage.
De Yves, son fils :
« Tout me traverse
Les berges coulent à mon rythme
Je les dessine
Et elles me font. »
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