Nous avons programmé de prendre notre temps ; cependant réveil à 6h 30, le soleil entre dans la chambre et le ciel ne peut pas être plus bleu.
Nous profitons du buffet copieux de l’hôtel, du salé et du sucré, et partons à pied à la Ga Dalat prendre le petit train à crémaillère qui conduit à la pagode de Linh Phuoc située à 7km au village de Trai Han. A la gare nous attendons assis dans les fauteuils en cuir d’époque puis suivons les manœuvres de la locomotive qui vient d’accrocher des wagons supplémentaires, car le nombre de voyageurs ne cesse de s’accroître. Pour patienter, certains grimpent sur le siège du conducteur d’une autre machine japonaise à l’arrêt définitif sur l’autre quai et se font photographier.
Nous nous faisons prendre aussi en photo et on a l’impression de jouer au petit train, avec les employés qui agitent énergiquement leur drapeau, rouge et jaune. Le chef de gare sanglé dans son uniforme a la casquette un peu avantageuse qui lui tombe parfois sur les yeux et la chaussure défaillante. Moins de vingt minutes plus tard, le train se vide des ses occupants. Nous nous mêlons au tour organisé qui connaît le chemin, afin de ne pas perdre de temps car nous ne disposons que d’une petite demi-heure avant le retour. La pagode est rutilante, flamboyante, churrigueresque. Les dragons munis de longues moustaches arborent des tessons et des morceaux de miroirs éclatants. Les bouddhas sont équipés d’une auréole de plusieurs tubes de néons allumés de couleurs différentes; devant la pagode, un bus vient de libérer toute une colonie de bonzes qui finissent de s’apprêter et d’enfiler une tunique grise. Ce sont des enfants, beaucoup de garçons mais aussi de filles encadrés par des bonzes safran qui en rangs organisés pénètrent dans le sanctuaire pour prier. Un officiant chante et frappe un bol en métal. A côté un petit jardin, devant une sorte de gloriette, la dame céleste pourvue de son auréole en néon coloré avec sur sa gauche un stupa de sept étages, constituent un ensemble assorti. Malheureusement, comme nous le rappelle en français une dame vietnamienne, il faut s’en retourner car le train n’attendra pas.
La proposition d’acheter quelques fruits, rencontre un mol enthousiasme. Mais, pas de chance, le bar de l’hôtel où nous aurions pu consommer n’est pas ouvert, alors nous nous contentons de biscuits achetés en chemin et d’un peu d’eau minérale en attendant une revanche culinaire le soir.
Une petite sieste après, nous retrouvons la voiture en direction du musée de la broderie.Nous pouvons admirer le travail très minutieux des tableaux de soie exposés, choisis pour la virtuosité des petites mains expertes. Mais à part ça, le lieu ne mérite pas les deux « routards » du guide : des restaus, des magasins galeries, dans un lieu se voulant la reproduction d’un village traditionnel. « Cadre superbe » dit « Le Routard »: bof !
Nous reprenons la voiture pour nous éloigner de la ville et nous descendons dans un village Coho. Thien nous conduit à travers champs, à travers choux. Nous visitons l’église, impressionnés par le nombre de bancs qui remplissent l’intérieur et les tabourets empilés sur les côtés, surpris aussi par la présence d’un mât traditionnel avec des pendeloques colorées en bois, utilisés lors de sacrifices. Dans la cour de l’église, tous les gamins du village jouent en groupes plus ou moins grands, certains chahutent dans une classe où le surveillant semble somnoler. Catéchisme ? Nous tirons jusqu’à une maison traditionnelle d’un vieux qui nous invite à visiter pendant qu’il s’occupe plus loin de deux touristes; c’est une réserve de pots d’alcool de riz, quelques outils, des gongs, deux orgues à bouche et des bancs trainent dans la poussière, mais l’endroit ne sert plus d’habitation. Dehors un jeune fulmine tout seul.
Nous finissons la journée par la visite du palais d’été de Bao Daï. Situé en hauteur, il se trouve parmi les pins, son parc aménagé en jardin public d’un côté et en jardin à la française de l’autre. Le bâtiment, en style art déco, date de 1938. Il faut enfiler des chaussons par-dessus les chaussures pour protéger les planchers. Nous passons de pièce en pièce, au rez-de- chaussée, bureau, salle de réception, à l’étage trois chambres pour les cinq enfants, la chambre de la reine, du roi, une pièce familiale avec cheminée où chacun avait sa place déterminée, une pièce plus récréative pour les enfants. Chaque chambre possède le confort et les sanitaires en avance alors sur l’époque, avec de grandes fenêtres ouvertes sur les jardins. Madame reine brodait beaucoup le linge de la maison, son mari avait son sauna. Nous avons à peine le temps d’apercevoir les cuisines car l’heure de la fermeture approche, mais les restes de vaisselle exposés dans les vitrines nous rappellent celles de nos grands-mères. Avant de sortir notre guide discute avec un vieux monsieur, ancien serviteur de Bao Daï et très attaché à la conservation du palais. Nous n’attendrons pas longtemps pour retourner au restau d’hier au soir où nous sommes les seuls clients alors le jeune de l’établissement part en mobylette visiblement acheter ce qui manque. Nous testons le hot pot meat fish and vegetable, sorte de pot au feu sur réchaud. Nous complétons avec des nems le tout arrosé de trois bières. Le dessert ce sera à l’hôtel, au café enfin ouvert, où seuls clients, encore, nous commanderons trois glaces au chocolat, au lait, malheureusement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire