Certes le marché aux livres regorge de produits à la recherche d’un créneau, leur style court après la dernière mode et se démode ainsi « hyper »vite : ces clips de papier ne mènent nulle part. Sûrement pas à la littérature, celle qui nous élève au-dessus de notre ombre, de nos soucis immédiats, qui nous donne les clefs pour comprendre le monde, enchanter nos jours. (Bis)
Heureusement il est de belles réussites sensibles, attractives, où l’auteur ne prête pas systématiquement aux enfants ses « à priori » d’adultes.
Voici quelques romans appréciés au hasard de mes devoirs de vacances proposés par mes bibliothécaires. Oui, des romans ; j’ai choisi ce camp des littéraires censé apporter la nuance, la complexité, la contradiction dans un univers hygiéniste, technique, tellement sûr de lui.
Andrevon Jean Pierre : La dernière pluie
Cet ouvrage de science fiction doit son titre à la pluie continuelle causée par la pollution. Pour survivre, les hommes construisent une arche confortable: grand mythe remis dans le quotidien avec simplicité. La catastrophe change du train-train. Le message écologique n’est pas asséné et le livre incite à la réflexion même si l’auteur Grenoblois que nous avions rencontré s’était montré bien peu aimable avec ses lecteurs.
Ahlberg Janet et Allan : L’ours que personne n’aimait
Dans une atmosphère début de vingtième siècle, avec lessive à la main, guerre, classes sociales bien différenciées, un ours en peluche a besoin de réparations. Le lecteur peut se consoler des incidents de la vie. Ne pas être trop arrogant, unique et solitaire peut adoucir la vie.
Burgess Melvin : Billy Eliott
Nous trouvons une fois de plus le livre meilleur que son adaptation au cinéma déjà fort honorable, puisque nous partageons les états d’âme des protagonistes de l’histoire, tour à tour narrateurs et acteurs. Nous vivons l’histoire de l’intérieur et non comme une suite de péripéties. Livre chaleureux, sans candeur : de la légèreté, de la tendresse entre deux coups de poing dans la gueule. C’est la lutte des classes.
Cendrars Blaise : L’or
Livre des commencements. Des pionniers naïfs croient à une terre d’abondance. Ils auront rêvé. Le western appartient à un genre un peu épuisé, les enfants s’ intéresseront-ils à un monde qui se construisait en Californie ? La ruine débarque quand la fortune semble atteinte. Brutalité et civilisation.
Dahl Roal : Charlie et la chocolaterie
Ce scénario jubilatoire d’un auteur incontournable, débride les imaginations par des situations, des personnages vite croqués. Personne n’en ressort idéalisé, le délire sucré attend à chaque page : c’est pour du rire, pour du plaisir.
Fine Anne : Comment écrire comme un cochon
L’ambiance de classe éloignée du quotidien français déstabilise au départ quand les sarcasmes pleuvent dru. Mais finalement ce livre très moral, original, rythmé, fin, épicé, accède à une démarche pédagogique à l’opposé de toute mièvrerie, salutaire pour des enfants peu à l’aise dans l’école.
Houston James : Akavak
Récit élémentaire, au contenu essentiel. Ce roman d’apprentissage nous initie à la vie d’un jeune et son grand-père dans le grand Nord. La rencontre avec le printemps se gagne après des épreuves extrêmes ; des bricolages infimes assurent une survie toujours remise en cause. Profondeur sans chichi, hors des modes pour tous les âges avec le respect du lecteur.
Morgesten Sylvie : La sixième
L’originalité de cet ouvrage plein de fraîcheur tient au personnage principal bon élève dans une famille unie. Les relations sont subtiles, les profs pas tous ridicules et bornés. Son angélisme mis à mal, Margot partage ses impressions avec sa sœur et sa grand-mère.
Mourlevat Jean Claude La balafre.
L’auteur trouve le ton juste pour parler de ses doutes, de son environnement : rien de schématique. Une solitude irréductible s’installe, des personnages sympathiques se devinent au-delà de leurs apparences. Dans une réalité banale du fantastique s’installe.
Pennac Daniel : Cabot caboche
Les élèves n’ont pas manifesté d’emballement pour l’écrivain F.N.A.C alors que je pensais qu’une vie vue par un chien pouvait créer une connivence avec ce héros à poil qu’on aimerait recueillir, à partir de cadrages différents sur les adultes, …
Petit Xavier Laurent : Le monde d’en haut
La science fiction, ici adaptée aux enfants, amène à la réflexion sur notre façon de vivre. Bien écrit, le simplisme de certains archétypes modelés par une certaine culture américaine s’efface dans une conclusion qui n’est pas close, laissant la place au doute et à la possibilité d’évolution des personnages.
Quesemand Anne : La mort marraine
Dans ce conte, la mort, sans masque grandiloquent devient un personnage familier. Donne à réfléchir, à s’amuser, à consoler aussi : « l’appétit vient en mangeant, la mort en vivant »
Rodari Gianni : La tarte volante.
Ce bon vieux Gianni nous amuse et diffuse un message d’humanité sans lourdeur. Son écriture foisonnante dépeint des personnages cocasses, des situations loufoques. On en redemande sans risque d’indigestion.
Marilyn Sachs : Les retrouvailles
Deux sœurs se retrouvent au cours d’un repas et ne se reconnaissent plus : unité de lieu et de temps pour une pièce dramatique qui risquait d’être austère, et pourtant les sentiments sont vibrants. Des sujets forts traités subtilement, avec la fraîcheur, la sincérité de l’enfance: la jalousie, la différence de classe sociale, la fragilité, la mémoire, la réussite, grandir…
Marilyn Sachs : La maison en danger, La maison retrouvée, Du soleil sur la joue
Un vrai auteur plein d’humanité. La littérature enfantine atteint ici son sommet par la finesse de l’observation, le ton permet à la détresse de se dire sans en faire trop. L’abandon de l’enfance déchirant et passionnant s’accompagne de la compréhension des autres. Au bout de l’exigence naît notre plaisir.
Tillage Léon Walter : Léon
Un témoignage d’une force formidable sur la barbarie, nous transporte, sans pathos, au sud des Etats Unis.
D’autres auteurs permettent de stimuler l’écriture : Delerm (C’est bien, Surtout ne rien faire), Saint Exupéry (Le Petit Prince), Tournier (Pierrot ou les secrets de la nuit, Vendredi ou la vie sauvage), Rodari (Histoires à la courte paille). Des personnages tels que Poil de carotte, le petit Nicolas, Renart, Robinson, Robin des bois « devront dire quelque chose» aux enfants. Les « Contes de la rue de Broca » de Gripari recèlent encore des charmes comme « Le prince de mot tordu » de Pef réservé aux plus petits.
Et Titeuf.
Pour finir l’année « l’idée du siècle » de Pennac connaît toujours un vif succès quand le passage en sixième pointe à l’horizon.
je n'en connais que la moitié
RépondreSupprimertes commentaires me donnent envie de lire les inconnus
ce travail va-t-il être mis à disposition des lecteurs de la Bibliothèque ?