Nous récupérons la voiture,
et après une petite sieste sur une aire de repos, un arrêt à une station
essence, la traversée de bois, de champs moissonnés et de parc éolien
important, nous atteignons Châlons-en-Champagne ( anciennement Châlons-sur- Marne) vers 16h appréciant
le retour d’un temps plus clément. Nous nous garons immédiatement au
parking souterrain du centre commercial idéalement situé près l’hôtel de ville de la place Foch près
de l’Office du tourisme, passage obligé. Celui-ci occupe une magnifique demeure à pans de bois quai des arts
au bord d’un petit bout de canal. Nous nous y procurons un plan touristique
avec proposition de déambulation vers
les lieux dignes d’intérêts de la ville. Malheureusement, nous y apprenons
aussi que l’espace dédié à la mémoire de Cabu baptisé « Duduchothèque »,
but de notre crochet par Chalons, rouvre
bien ses portes demain mais à 14h, lorsque nous serons partis.Déception… Alors
que nous allions sortir un employé nous interpelle pour faire la promotion de la villa Piquart à Epernay,
et nous communiquer sa passion pour les objets utilisés pendant la
guerre : il nous présente par exemple un moule à presser les boules de
papier à consumation lente servant à se réchauffer, des galoches ainsi que
autres ustensiles. Nous l’abandonnons après un échange instructif et
enthousiaste pour nous lancer dans la visite. Elle commence par la maison natale de Pierre Dac que nous
ne trouvons pas, puis le portail de l’hôtel-Dieu réinvesti par la poste, il
en subsiste la porte en pierre surmontée d’une croix. En face le monument
aux morts met en scène un groupe de guerriers mené par son chef. Les
derniers noms inscrits dans la pierre rendent hommage aux soldats tombés au
Tchad, en Yougoslavie et en Afghanistan. Il nous suffit de nous retourner pour pénétrer dans la cathédrale Saint Etienne. Elle possède
de beaux vitraux dont une verrière complète autour d’Adam et Eve en présence du
donateur en prière, sous la protection de Saint Michel. Un organiste répète et
sa musique que je ne connais pas retient mon attention car elle est
inhabituelle dans une église. Grâce à
Shazam, j’obtiens son titre en me promettant d’investiguer plus tard :
« Waves » de Daniel Paterok (je serai d’ailleurs un peu déçue par la
version piano mais peut-être le lieu et les différents jeux de l’instrument
ajoutaient-ils à son charme ?). La suite du parcours nous invite à flâner en bordure du
grand espace vert appelé grand jard. Il propose des jeux, un skatepark,
et d’après un panneau, un « Châlons plage » invisible de l’endroit où
nous passons. Faisant face, de l’autre côté de la route, le petit
jard offre un jardin plus ramassé s’avérant plus intime. En poursuivant l’avenue Maréchal Leclerc
qui sépare les 2 jards nous tombons
ensuite sur le Cirque historique.
C’est l’un des 7 cirques en dur
répertoriés en France, ( cf Amiens) https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/06/amiens-beauvais.html construit pour accueillir festivals ou spectacles dans la
« capitale européenne des arts du cirque ». Nous revenons sur nos pas, traversons le petit jard où le
château du Marché plonge son
soubassement dans le Nau, remontons vers la place de
la République, le marché couvert, nous rapprochant de la place du Maréchal
Foch. Nous tournicotons dans les parages, d’abord nous nous engouffrons dans un passage couvert, reliant deux
rues et appartenant à des administrations, dont les parois supportent
des plaques en fonte sculptées d’armoiries entre autre. Puis nous longeons
l’Eglise Saint Alpin coincée entre
des habitations devenues envahissantes. Nous terminons
ainsi notre parcours, sans suffisamment de temps pour nous rendre dans les musées : musée des beaux-arts
(vanté comme l’un des plus vieux de France) musée de cloître Notre dame, celui
des machines à coudre (sur RDV) ou encore le musée dégustation Champagne Famille Carbot et autres maisons du divin nectar.Sagement, nous
effectuons quelques emplettes au centre commercial avant de retrouver la
voiture. Le GPS nous guide sans problème à l’adresse du Airb&b, Gédéon, notre véhicule à moteur, trouve refuge un peu
plus loin. Nous
accédons au logement via une boîte à clé, grimpons un escalier raide et vétuste,
mais l’appartement propret et clair qui nous attend semble tout récent. Nous
nous installons, dinons de nouilles chinoises déshydratées, finissons le
gaspacho concluons avec le raisin.
jeudi 13 novembre 2025
mercredi 12 novembre 2025
L’architecture au service du pouvoir. Benoît Dusart.
Au premier jour de son deuxième mandat, Donald Trump impose
par décret le style classique pour tous les bâtiments publics américains en
opposition au modernisme.
« La salle de bal de la Maison Blanche» s’étendra sur
8000 mètres carrés.Si dans le pays qu'il dirige, le « Capitole de Washington »
siège du Congrès est le plus connu dans le style néo classique, 38 capitoles ont été édifiés dans tout les
Etats-Unis comme à « Montpelier (Vermont) ». L’inspiration vient de
l’école des Beaux arts de Paris. Le Panthéon, anciennement église
Sainte Geneviève, figure comme modèle.
Après le projet ambitieux (voir la taille des humains) d’une « Eglise
métropolitaine »
d’ Etienne Louis Boullée,(XVIII° siècle)celui
de Speer architecte
d’Hitler pour « Germania » (XX° siècle) prévu pour
recevoir 150 000 personnes fut également démesuré ( Voir la taille
de la porte de Brandebourg). Le beffroi, les colonnes de la « Mairie
de Villeurbanne » gardent dans les années
trente le style ancien revu par le moderne béton. Toujours avec
une tour médiévale, « L'hôtel
de ville de Hilversum » aux Pays-Bas, aux volumes découpés
d’inspiration cubiste et d’heureuses murettes, assure la transition vers la
modernité. « L’hôtel de ville de Grenoble » refuse les
citations anciennes, mais depuis son socle, n’abandonne pas la monumentalité,
rappelant le style international du « Siège de l’ONU » à
Manhattan.La « Mairie de Gennevilliers », la plus grande d’Europe, a
préservé son design. La pyramide inversée de la « Préfecture du Val
d’Oise » à Cergy s’affirme comme
« un nouveau type d’intervention de l’administration auprès des
citoyens ». Exemple d’architecture brutaliste, « L’Hôtel de ville de
Boston », et ses courants d’air, entretient une relation
conflictuelle avec le public. Le ludique « Portland Municipal Services
Building » postmoderne est cependant moins dans la citation antique que le
prestigieux « Hôtel de Région » de Ricardo Bofill, monument
emblématique du quartier Antigone à Montpellier. « L’Hôtel du département à
Marseille », « Le grand bleu, « à l’époque (1990) plus
grand bâtiment public construit en province au XXe siècle » joue de la
complexité.« Le Parlement du Bangladesh » à Dhaka par Louis Kahn, bastion du pouvoir,
certes non régionaliste, dans sa monumentalité n’a pas pris en compte les
contraintes environnementales. A
Canberra, sur un plan en aile de papillon, un mât de plus de 200
tonnes supporte le drapeau dominant le « Parlement
australien » comportant 4500 pièces.« Le Bundestag » anciennement palais du Reichstag, restauré
depuis son incendie en 1933 affirme la transparence ainsi que « Le
Senedd » gallois. Les
tentes traditionnelles en Finlande ont inspiré l’architecture récente
du « Parlement
des Samis ».Si Rogers a réussi à Cardiff, son « Tribunal
de Grande instance à Bordeaux » d’une originalité totale se déconnecte
plutôt de l’espace public.Christian de Portzamparc répond au cahier des charges
avec son « Palais de Justice de Grasse» : « Le ministère, maître d'ouvrage, nous a demandé un
bâtiment qui affirme, par sa monumentalité, la présence de l'autorité
judiciaire dans la ville et reflète la volonté de transparence de la justice
française ».« Le tribunal de grande instance de Paris » a quitté
l'île de la Cité pour un nouveau palais de justice sur 38 étages aux Batignoles
imaginé par Renzo Piano.
Son allure de paquebot a appelé pour certains des allusions au Titanic concernant
la déshumanisation et beaucoup d’inconfort.Depuis une vingtaine d'années Dominique Perrault se consacre à l'extension du « Palais
de la Cour de justice de l'Union européenne » établi à Luxembourg où
travaillent près de 3000 personnes. Le
nouveau « Palais de justice de Lille » avant qu’il soit achevé
est jugé
« sous-dimensionné et maltraitant ». Par contre, « L’extension
de la mairie de Noisy le Grand » a permis de minimiser les dépenses
énergétiques. Baptisée « Le coussin » par la population, l’extension de
la « Mairie
d’Illkirch-Graffenstaden » a donc été adoptée. De nouveaux projets
ne contredisent pas forcément les valeurs démocratiques du langage classique avec frontons et allégories sculptées. Le nouvel « Hôtel de ville de
Fribourg-en-Brisgau »
est le premier bâtiment public à énergie
positive du monde.
mardi 11 novembre 2025
Les seins. Guillaume Bianco.
Potaches, enfantins, puisqu’il est question de
« tétés », les carnets de l’auteur pour la jeunesse, sont gentiment
amusants.
Avec une bonne dose d’autodérision, le sérial looser ne fait pas de
mal à celles qui l’affolent et nous allège du poids pesant en ce moment sur les
hommes, souvent présentés comme de lourds machistes ou de toxiques
masculinistes.
Son plaisir pris à dessiner de douces rondeurs est bien
innocent sous des traits vifs plus caricaturaux qu’érotiques.
Un autre volume intitulé « Les femmes sont
folles » avec écrit en petit (« de moi ») annonce lui aussi une
série d’anecdotes personnelles habilement racontées, pleines de scrupules sous
forme de dialogue avec son éditeur Lewis Trondheim.
Il pense que passer pour un homosexuel lui permettra de
mieux draguer les filles, ou rêve de devenir une fille pour se palper les nichons.
« Une meuf ça
parle beaucoup »mais« il faut bien
dire ce qui est… sans elles, le monde serait moins rigolo… Plus de maîtresse
d’école, plus de chanteuses, plus de caissières de supermarché, plus de
copines, de petites sœurs ni de mamans, plus de grands-mères… »
Bon enfant.
lundi 10 novembre 2025
On falling. Laura Carreira.
Nous éteignons nos petits écrans portables avant de nous
installer devant un grand où une ouvrière passe son temps dit « libre »,
son téléphone vissé à la main.
La chute de celui-ci constitue un évènement majeur dans
l’univers monotone de la jeune portugaise travaillant dans un entrepôt de vente
par correspondance.
La réalisatrice rend parfaitement l’ennui, la solitude de la
préparatrice de commandes entre deux bips de lecteur de code barre et de mornes
coups d’œil sur un petit écran allumé même lorsqu’elle se nourrit de sucreries.
Les personnages croisés sont gentils mais ne sortent guère de leur coquille.
La forme efficace en milieu familier exprime, sans tapage,
une bien triste société qu’une telle œuvre embellit par sa justesse.
Si le type d’emploi très contemporain rejoint la précarité
de « L’histoire de Souleymane »,
Ken Loach, le pittoresque en moins, se rappelle à nous comme
référence.
dimanche 9 novembre 2025
Delirium. Miet Warlop.
La troupe flamande parfaitement réglée déroule des bobines
de soie (ou de rayonne) de toutes les couleurs sur la scène et dans les travées
de la grande salle de la MC2, cependant il s’agit plus d’opérateurs mettant en place
une performance que de danseurs.
L’imagination est au rendez-vous pour exploiter toutes les
ressources de grands voiles enserrant les manipulateurs qui s’en extirpent, en
magnifient les plis, mais les hommes et les femmes pourtant dynamiques s'effacent en tant qu’acteurs sous les dimensions majestueuses de coupons
soulevés par d’immenses ventilateurs.
La matière dont on ne peut s’empêcher de la lier aux
gaspillages industriels submerge les humains.
Parmi les tableaux parfois un peu étirés, l’évocation d’une
vague où apparaît puis disparaît un personnage m’a paru poétique et forte, bien
accordée aux sons électro puissants de la
plasticienne-scénographe plus heureuse dans sa musique que pour les
socquettes noires,malheureusement à la mode, puisqu’elle signe aussi les
costumes.
Les termes démesurés des attachés de la presse mentionnant
« un humour ravageur », « une beauté plastique éberluante »
desservent un propos qui aurait gagné à être présenté avec plus de simplicité.
samedi 8 novembre 2025
Ta promesse. Camille Laurens.
Une écrivaine orfèvre en romans d’égo-fiction a rompu sa
promesse de ne pas mettre en scène son amant marionnettiste, qui avait lui-même
trahi son serment de fidélité.
« Je veux être
dans ta vie, pas dans tes livres. »
Le produit de 360 pages dissèque finement les étapes menant
de la séduction à la destruction entre pervers narcissiques, très tendance, du
genre Trump qui parlait d’un jour ensoleillé lors de son investiture, alors
qu’il avait plu toute la journée.
« Je pense que
parfois nous pouvons être en désaccord avec les faits ».
Au-delà des relations complexes entre Claire et Gilles, les
mots sont pesés :
« Ecrire est un exercice d’amour,une magnifique et
profonde et audacieuse expérience d’intelligence de l’autre. »
Par contre une juge, cite Lacan puisqu’il est question très
tôt d’un procès dans un déroulé haletant :
«Si vraiment je
comprends quelque chose, je suis sûr de me tromper. »
Dans notre monde de vérités alternatives, la littérature
vient à notre secours pour aller au-delà des apparences et débusquer les
mensonges.
«L’oreille a du
nez : ça sent la mort. La langue a rendu l’âme. Le cliché est une
charogne. »
Les formules brillantes scintillent dans cette histoire qui
ressemble parfois
à la « new
romance » qu’apprécie ma
petite fille laquelle n’a pas dans sa tête l’air des Rita Mitsouko: « Les
histoires d’amour, les histoires d’amour finissent mal en général ».
« J’attendais
qu’il revienne. Qu’il revienne à lui. Qu’il revienne à moi. »
« Souffrir passe.
Avoir souffert ne passe pas. »
« L’avenir ne
m’a jamais tellement réussi. »
«Ton passé a
mangé tout ton avenir ; un jour on est humilié et ce jour dure
toujours. »
«ça ne veut rien
dire « qui on est ». On n’est rien. L’être n’est qu’une syllabe du
paraître. »
« - Oh moi, tu
sais je suis d’une moralité douteuse : je doute de la morale des
autres. »
L’écrivaine précise
aussi les mots des autres, ceux de Benjamin Constant :
« Elle
voulut pleurer, il n’y avait plus de larmes.Elle voulut parler il
n’y avait plus de mots ».
La disparition du
pronom traduit la disparition de l’être qui se fond dans l’impersonnel. »
Le lecteur pourra aller bien au-delà du résumé par la magistrate
du roman qui n’a vu que jalousie envers un homme qui a souhaité refaire sa vie.
Un livre qui tient ses promesses.
vendredi 7 novembre 2025
La gauche contre le peuple. Front Populaire n° 22.
Si je ne lisais que ce qui me convient, il y a longtemps que
j’aurais résilié mon abonnement au journal « Le Monde » et je n’aurai
pas dépensé une nouvelle fois 15,90 € pour la publication d’un Michel Onfray complaisant
avec la très contestable Sahra Wagenknecht ancienne de Di Linke qui a créé un
parti à son nom, présentée comme l’enfant de Jaurès et de Gaulle …
Concernant la gauche, je garderai toujours « au
cœur, une plaie ouverte ! » et l’éternelle question du
« peuple » continue à m’interroger, donc je suis allé revoir cette
revue.
Pour avoir suivi Chevènement, dont la trajectoire est
rappelée dans ce numéro, ne me comptez plus dans le camp souverainiste, fut-il
« d’ailleurs ou de nulle part ».
« Je suis
toujours de gauche mais pas de celle qui a pris sa place sous le même
nom ».
Je me retrouve dans la prose fleurie d’Eric Naulleau
lorsqu’il distingue gauche et gôche qui a « troqué
la laïcité contre l’islamisme, l’universalisme contre le communautarisme, la
Résistance contre l’antisémitisme, le prolétariat contre le trans, Victor Hugo
contre Rima Hassan… »
J’ai trouvé quelques articles ardus, ils s’annonçaient
pourtant attractifs : « On ne combattra pas le racisme en parlant de
races » voire « l’anatomie du phénomène « woke ».
« La liberté
pourrait ressembler à la définition négative qu’en donne Spinoza comme
« intellection de la nécessité » c'est-à-dire comme connaissance de
nos déterminations.
Le comprendre, c’est se donner une petite chance de
composer intelligemment avec le réel. »
Pas vraiment limpides, ni très populaires, ces références
dans un article destiné à différencier le vrai du faux quant aux rapports de la
gauche avec la nature, les lumières, le nationalisme…Pierre André Taguieff m’a paru également difficile à suivre. Décidément, mon niveau baisse!
« Nombreux sont
les auteurs qui attendent le salut de la traduction transculturelle et qui
prennent leurs désirs redéfinitionnels, accouchant d’images, d’analogies ou de
métaphores vagues, pour des réalités ou des inventions conceptuelles. »
A l’instar d’Eric Satie qui claironnait : « Moi, pour la modestie, je ne crains
personne »,
en tant qu’abuseur de métaphores, je ne vois pourtant pas
où il veut en venir.
Michéa me semblait plutôt lisible, par contre le commentaire
à lui consacré, en tant que « paradigme », ne clarifie pas un
positionnement original.
Les présentations de livres recommandés donnent envie
d’aller plus loin, mais la pile impressionne: « La philosophie devenue
folle », « La diversité contre l’égalité », « Penser le conservatisme de
gauche », « Critique de la raison coloniale », « L’ère de
la post vérité » « Un autre Rousseau »…
Cependant pour contrer la police de la pensée, George
Orwell, Philip Roth, Gustave Flaubert… en condensé, sont heureusement convoqués
avec quelques déconstructrices de déconstructeurs : Laure Murat, Tania de
Montaigne ou Belinda Cannone.
Inscription à :
Commentaires (Atom)




