Une écrivaine orfèvre en romans d’égo-fiction a rompu sa
promesse de ne pas mettre en scène son amant marionnettiste, qui avait lui-même
trahi son serment de fidélité.
« Je veux être
dans ta vie, pas dans tes livres. »
Le produit de 360 pages dissèque finement les étapes menant
de la séduction à la destruction entre pervers narcissiques, très tendance, du
genre Trump qui parlait d’un jour ensoleillé lors de son investiture, alors
qu’il avait plu toute la journée.
« Je pense que
parfois nous pouvons être en désaccord avec les faits ».
Au-delà des relations complexes entre Claire et Gilles, les
mots sont pesés :
« Ecrire est un exercice d’amour,une magnifique et
profonde et audacieuse expérience d’intelligence de l’autre. »
Par contre une juge, cite Lacan puisqu’il est question très
tôt d’un procès dans un déroulé haletant :
«Si vraiment je
comprends quelque chose, je suis sûr de me tromper. »
Dans notre monde de vérités alternatives, la littérature
vient à notre secours pour aller au-delà des apparences et débusquer les
mensonges.
«L’oreille a du
nez : ça sent la mort. La langue a rendu l’âme. Le cliché est une
charogne. »
Les formules brillantes scintillent dans cette histoire qui
ressemble parfois
à la « new
romance » qu’apprécie ma
petite fille qui n’a pas dans sa tête l’air des Rita Mitsouko: « Les
histoires d’amour, les histoires d’amour finissent mal en général ».
« J’attendais
qu’il revienne. Qu’il revienne à lui. Qu’il revienne à moi. »
« Souffrir passe.
Avoir souffert ne passe pas. »
« L’avenir ne
m’a jamais tellement réussi. »
«Ton passé a
mangé tout ton avenir ; un jour on est humilié et ce jour dure
toujours. »
«ça ne veut rien
dire « qui on est ». On n’est rien. L’être n’est qu’une syllabe du
paraître. »
« - Oh moi, tu
sais je suis d’une moralité douteuse : je doute de la morale des
autres. »
L’écrivaine précise
aussi les mots des autres, ceux de Benjamin Constant :
« Elle
voulut pleurer, il n’y avait plus de larmes.Elle voulut parler il
n’y avait plus de mots ».
La disparition du
pronom traduit la disparition de l’être qui se fond dans l’impersonnel. »
Le lecteur pourra aller bien au-delà du résumé par la magistrate
du roman qui n’a vu que jalousie envers un homme qui a souhaité refaire sa vie.
Un livre qui tient ses promesses.

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