samedi 8 novembre 2025

Ta promesse. Camille Laurens.

Une écrivaine orfèvre en romans d’égo-fiction a rompu sa promesse de ne pas mettre en scène son amant marionnettiste, qui avait lui-même trahi son serment de fidélité. 
« Je veux être dans ta vie, pas dans tes livres. » 
Le produit de 360 pages dissèque finement les étapes menant de la séduction à la destruction entre pervers narcissiques, très tendance, du genre Trump qui parlait d’un jour ensoleillé lors de son investiture, alors qu’il avait plu toute la journée. 
« Je pense que parfois nous pouvons être en désaccord avec les faits ». 
Au-delà des relations complexes entre Claire et Gilles, les mots sont pesés :  
« Ecrire est un exercice d’amour,une magnifique et profonde et audacieuse expérience d’intelligence de l’autre. » 
Par contre une juge, cite Lacan puisqu’il est question très tôt d’un procès dans un déroulé haletant : 
«Si vraiment je comprends quelque chose, je suis sûr de me tromper. » 
Dans notre monde de vérités alternatives, la littérature vient à notre secours pour aller au-delà des apparences et débusquer les mensonges. 
«L’oreille a du nez : ça sent la mort. La langue a rendu l’âme. Le cliché est une charogne. »
Les formules brillantes scintillent dans cette histoire qui ressemble parfois 
à la « new romance » qu’apprécie ma petite fille qui n’a pas dans sa tête l’air des Rita Mitsouko: « Les histoires d’amour, les histoires d’amour finissent mal en général ». 
« J’attendais qu’il revienne. Qu’il revienne à lui. Qu’il revienne à moi. »
« Souffrir passe. Avoir souffert ne passe pas. »
« L’avenir ne m’a jamais tellement réussi. »
«Ton passé a mangé tout ton avenir ; un jour on est humilié et ce jour dure toujours. »
«ça ne veut rien dire « qui on est ». On n’est rien. L’être n’est qu’une syllabe du paraître. »
« - Oh moi, tu sais je suis d’une moralité douteuse : je doute de la morale des autres. » 
L’écrivaine précise aussi les mots des autres, ceux de Benjamin Constant : 
« Elle voulut pleurer, il n’y avait plus de larmes.Elle voulut parler il n’y avait plus de mots ».
La disparition du pronom traduit la disparition de l’être qui se fond dans l’impersonnel. »
Le lecteur pourra aller bien au-delà du résumé par la magistrate du roman qui n’a vu que jalousie envers un homme qui a souhaité refaire sa vie.
Un livre qui tient ses promesses.

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