vendredi 14 novembre 2025

I. A.

J’
envoie, vers quelque entrepôt où se réchauffe le Cloud, ces quelques mots destinés à se perdre dans « le silence éternel des espaces infinis » qui persistent depuis Pascal.
Je vacille, ivre de clics, de problèmes démographiques en crise climatique et autres conflits géopolitiques, sur fond d’interrogations éthiques, face aux défis technologiques… Hic !
Le valétudinaire minus remercie l’informatique qui lui permet d’oser s’exprimer.
Chaque jour, dans nos corps, dans nos déplacements, la science fait ses preuves et il serait bien ingrat de dénoncer toutes les avancées artificielles dues à l’agent humain.
Qui peut croire qu’on pourrait interdire l’IA comme on se priverait de penser ?
Mais grâce à la puissance des computeurs, il y aura bien des acteurs pour utiliser comme au judo leur force pour maîtriser la bête, se ménager du temps de cerveau disponible pour travailler et inverser le cours de la facilité, de la coolitude.
Pourrons-nous trouver une voix authentique dans un appareillage appelant au compromis contre les clivages populistes bardés de lignes rouges ? Il conviendrait de laisser à leur illusion de pouvoir nos éminents boucs émissaires et voir en face la puissance des algorithmes et nos paresses numériques, nos tocs et nos éthiques retoquées.
Les lénifiantes ambiances visant à apaiser les cris risquent pourtant de se substituer, dans le domaine des apprentissages, à toute improvisation, à toute fantaisie.
Reliés aux IA, dans les écoles, les bousculés des travaux en îlots tournant le dos aux  paroles magistrales, pourraient à leur rythme, faire valoir leur singularité, reprendre ce qui leur a échappé en toute discrétion face à des machines infiniment patientes. 
Dans bien des entreprises, les bureaux individuels furent bannis, comme fut promulgué le travail de groupes pour les élèves, dans un monde devenu de plus en plus individualiste. Les égos ont explosé oubliant les idéaux entre égaux.
Sur les écrans, une fois contournées haine et bêtise, les pensées pertinentes ne manquent pas. Dans leurs emballages de papier, je saisis plus volontiers les mots qui me conviennent, comme ceux de Julia De Funès qui aime « penser sans bannière » : 
« Refuser la moralisation facile, la soumission technocratique, l’individualisme forcené, l’absurdité normative et le clanisme de la pensée… »
Même pour proclamer notre liberté, faire valoir notre indépendance, nous suivons les autres par machines interposées ou main sur l’épaule (de géants).
Combien s’accordent à déplorer la destruction du monde alors que tant d’autres s’appliquent à le dévaster ? L’acharnement de nos parlementaires à ne pas voir les déficits est un signe d’une déliquescence de nos civilisations proclamée depuis des millénaires. 
Submergé de grands mots tambourinant dans le vide, bien difficile de percevoir des pensées optimistes,  d'avoir connaissance  d'actes responsables.  
Les organisations politiques en phase de putréfaction, telles Gribouille, poussent à une dissolution qui les diluerait. Ces péripéties ne gagnent pas en dignité à s’accumuler dans notre sac à dos qu’on prendrait pour un parachute avant de sauter de la falaise.  
« La terre pressée de se jeter à l’eau trébucha et ce fut la falaise. » 
Sylvain Tesson

1 commentaire:

  1. Pardon de parler de moi, en bonne égoïste que je suis, mais hier j'étais à notre poste locale pour faire une petite opération avec de l'argent liquide, et la multiplication des démarches à faire impérativement par l'intermédiaire des machines, pour nous laisser bras ballants (mais... MAINS PROPRES, bien sûr) pour nous protéger, "pour notre sécurité" a frisé le ridicule. Je vois cette surenchère pour passer par les machines à tout prix comme une folie collective, et une profonde atteinte à... la raison (comme si l'Homme était un animal doué de raison. Pffft.)
    Et pour l'intelligence artificielle, avec mon mari, nous sommes au premier loge, car mon mari a un site, et le mystérieux processus par lequel les algorithmes FONT LEURS LIENS va si loin que Pluton semble proche en comparaison. (Dans le temps nous nous étions déjà aperçus des dangers de l'interprétation... sauvage sans les machines. Celles-ci ne changent pas la donne, mais font exploser l'ampleur du phénomène.)
    Pour moi, la grande menace des IA réside surtout dans notre sournoise et mystérieuse tendance plus que millénaire à mépriser et MORTIFIER la chair et tout ce qui s'y rattache, en sachant que le mot "mortifier" est surtout employé pour mettre à mort le désir charnel, donc, notre être charnel. Merci, les inventeurs, mais ma chair est déjà mortelle, et elle n'a pas besoin d'être plus mortifiée en allant inéluctablement vers la mort. Et puis... les machines.... ne sont pas éternelles non plus, et elles cassent, tombent en panne, font des erreurs, selon LEUR NATURE de machine INANIMEE (credo). Rien n'échappe à la corruption... du temps. Pas même les machines.
    Fin de sermon pour aujourd'hui.

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