L’ouvrage exigeant du prof de philo languedocien porte
au-delà des critiques banales à propos des frilosités de « la gauche ».
Il propose d’ailleurs d’abandonner la dénomination
« Gauche » qui a tant nourri nos
espoirs,
car « la mitterrandienne » a négligé le peuple non seulement
sur le plan économique mais aussi culturellement.
Face au libéralisme amoral, inégalitaire et aliénant, il
verrait bien une société « décente » dont le qualificatif vient
d’Orwell, sa référence.
Cependant je crains que les pressés solitaires d’aujourd’hui
ne se bousculent guère sous les belles charpentes théoriques où sont gravés les
noms de Fourier ou de Marx.
Le corps principal du texte est exigeant, les scolies (des
notes) qui occupent la moitié des 130 pages sont plus nerveuses et m’ont été
plus accessibles, bien qu’elles versent quelques gouttes citronnées sur mon
épiderme mis à vif par Cahuzac et autres sénateurs.
J’ai appris que Zola avait fait l’éloge de Thiers. Et quand
il rappelle que sa ville de Montpellier se vendait « unlimited », sa
critique de la publicité n’est pas anecdotique, pas plus que sa proposition
d’appeler « principe de Bosman » « la
loi qui pousse toute gauche moderne à vouloir accomplir les basses œuvres du capitalisme
à sa place ». L’arrêt Bosman ayant permis aux émirs et mafieux divers
de faire main basse sur le football, et « d’en
corrompre l’essence ludique et populaire ».
L’expression « Le
cœur à gauche et le portefeuille à droite » nous est familière et s’il
est incontestable que le libéralisme est dans une logique déshumanisante et
« écologiquement prédatrice », le cynisme s’est répandu sur toute
chose, l’individualisme vaut pour tous.
Les autres ne comptent plus.
Le spectacle réunit le séparé, mais « il les réunit en tant que séparé »(Debord)
Bien que nourri de grands journaux (Canal +, Libé…), je
m’autorise à penser que parfois « les
choses allaient mieux avant ».
Mon conscrit remet en cause la notion de croissance, et adresse
des avertissements contre le droit libéral qui vise à préparer « un monde mimétique et indifférencié
[…] dans lequel toute possibilité d’existence personnelle et authentique, de
responsabilité morale effective, de bon sens élémentaire, ou de générosité
véritable […] devrait être sacrifiée sur l’autel de la Forme et de
l’Abstraction. »
Bien que dans ses dernières lignes il pense que « les classes populaires sauront elles
mêmes inventer, le temps venu, les symboles fédérateurs les plus appropriés à
leurs luttes », ses écrits n’ont pas figuré dans les ouvrages
recommandés pour la plage, mais ils peuvent
apporter une cohérence à ceux qui ne se sont pas fait à l’idée d’une
montée fatale de l’extrême droite en milieu populaire.
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Dans le Canard de cette semaine:
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