Il n’y a pas un article dans la presse qui ne précise lorsque
la parole est donnée à un témoin : « le prénom a été modifié » comme
si mentionner son identité recelait un danger.
Avatars, pseudos et anonymes rejoignent les cagoulés, les
voilées d’une société qui prône par ailleurs la transparence et l’expression
sans filtre des individualités.
Tellement de gens craignent que Big Brother les surveille
tout en rêvant d’être l’objet d’attentions particulières à fort potentiel de
followers.
Parmi les maladies mentales dont nous nous affublons dès les cours
de récréation où le mot psychopathe est courant, paranoïa et grosse tête se portent
bien, quand montent sur leurs égos les angoissés d’eux-mêmes.
La modestie est une qualité unanimement louée, alors que
chacun réclame une place éminente dans le récit des existences sans que cette
promotion doive forcément à des qualités remarquables. La proclamation submerge
la reconnaissance et pendant ce temps la notion de responsabilité a du mal à
être réhabilitée. Je fais ce que je veux mais ne réponds de rien : il doit
bien y avoir dans le coin un paillasson en poil de bouc émissaire pour
m’essuyer les pieds.
L’I.A. qui décidément me préoccupe, occupe bien des
conversations au moment où l’E.I. qui n’est pas seulement mentionné lors des
commémorations pointe à nouveau le bout de la kalachnikov en Syrie et place ses
pions en Afrique.
Depuis les déserts passés et à venir, et « c’est pas pour dire », on
rêverait que des paroles comme celles du premier ministre éthiopien, avant la
COP 30, soient performatives :
« Nous demandons
à nos partenaires globaux de ne pas nous financer parce que nous sommes
impactés, mais d’investir avec nous parce que nous sommes visionnaires.»
Parmi quelques expressions dont on abuse, « je ne sais pas » ne fait
pas partie de la ronde, alors que ce serait l’occasion d’habiller la sincérité avec
élégance.
Par contre « On
va voir ce qu’on va voir » montre ses muscles à tous propos tandis qu’il
pourrait se contenter de s'annoncer avant quelque mâle combat de MMA
(Mixed Martial Arts).
Marine (Tondelier), verte ou marron, (Le Pen) sont
dans ce registre de la puissance bravache. Ces permanentes du spectacle aiment
dramatiser et toute nuance apparaissant comme une faiblesse est bânie. Les fortes
couleurs crépusculaires de l’apocalypse écologique ou migratoire découragent
les modestes, les petits joueurs que nous sommes. Elles chérissent leurs
victimes spécifiques. Leurs suiveurs minés par le complotisme qui va bien
au-delà du cercle des shootés à l'hydroxychloroquine se perdent en
interprétations, se bouffent la vie dans la méfiance systématique plutôt que
de, choisir, inventer, aimer, faire confiance.
Si le « Rassemblement » ramasse tant de
suffrages et C News tant de spectateurs, les excès woke n’y sont pas pour rien.
La radicalité de la gauche nourrit la radicalité de
la droite.
La radicalité de la droite nourrit la radicalité de
la gauche.
Pour l’instant, en superficiel scripteur, je ne fais
pas appel à d’artificielles phrases venues des machines chauffantes, je livre
mon jus depuis quelques arbres déchiquetés en recopiant les mots d’Eric Sadin
qui regrette que des milliards d’individus trouvent dans les
technologies : « l’occasion
de ne plus exercer leurs facultés fondamentales, au premier rang desquelles
celles de parler et d’écrire à la première personne. […]
Saisit-on qu’une vie
privée de l’expression de nos facultés et de liens actifs avec nos semblables
ne peut faire que le lit de la tristesse, de la rancœur et de la folie. »
Que soit interdit l'anonymat sur les réseaux sociaux !
Bon billet, Guy, jugement écrit par ton... anonyme de service, anonyme pour les besoins de la cause depuis trop longtemps maintenant, mais dont le sport préféré est de parler à la première personne, proférer avec ménagement des propos qui grincent dans les oreilles, sans smartphone, sans téléphone portable... en dehors des foules, des réseaux en tous genres. Pardi, je suis allergique même aux réseaux... de l'autoroute. De toute façon, il y a des réalités ? simples qui se dessinent à l'heure actuelle : plus on s'attache à notre confort, à notre vitesse, plus on s'embarquera dans l'aliénation, non ? Plus on fuit la nécessaire et inévitable souffrance de la condition humaine, plus on deviendra des robots écervelés, non ?
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