Le film donnera sans doute envie de lire le livre
indispensable de Camus et celui de Daoud
« Meursault,
contre-enquête ». Le mérite n’est pas mince.
L’élégance et l’habileté du réalisateur, son originalité,
son audace, se manifestent d’emblée dans l’attente du célèbre incipit qui
arrive après une évocation des années 40 dans Alger la blanche : « Aujourd'hui, maman est morte ».
Il joue aussi avec le cinéma où dans une salle un panneau
notifie : « Interdit aux indigènes ».
Le choix d’une pellicule en noir et blanc comme le soleil et
de toutes les nuances du gris, éloigne de l’anecdotique et des diagnostics
psychiatriques concernant un condamné à mort qui dans la dernière phrase du
livre de Camus souhaite :
« qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution
et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.»
Nous sommes dans le théâtre de
l’absurde dont l’expression ramène - pourquoi pas - à des exercices scolaires,
donc à des interrogations, qui au-delà d’un idéal adolescent de sincérité
concernent aussi notre rapport à la vérité à l’heure des bilans quand la
déraison continue à aveugler le monde.
La sensualité des jeunes corps
magnifiquement filmés accompagne la sobriété de passages oniriques allant vers
la fable philosophique, alors que les silences, la lenteur, la routine font
monter la tension dramatique jusqu’au procès et l’entrevue avec l’aumonier qui
constitue pour moi un grand moment.

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