lundi 24 novembre 2025

L’étranger. François Ozon.

Le film donnera sans doute envie de lire le livre indispensable de Camus et celui de Daoud  « Meursault, contre-enquête ». Le mérite n’est pas mince. 
L’élégance et l’habileté du réalisateur, son originalité, son audace, se manifestent d’emblée dans l’attente du célèbre incipit qui arrive après une évocation des années 40 dans Alger la blanche : « Aujourd'hui, maman est morte ». 
Il joue aussi avec le cinéma où dans une salle un panneau notifie : « Interdit aux indigènes ».
Le choix d’une pellicule en noir et blanc comme le soleil et de toutes les nuances du gris, éloigne de l’anecdotique et des diagnostics psychiatriques concernant un condamné à mort qui dans la dernière phrase du livre de Camus souhaite :  
« qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.» 
Nous sommes dans le théâtre de l’absurde dont l’expression ramène - pourquoi pas - à des exercices scolaires, donc à des interrogations, qui au-delà d’un idéal adolescent de sincérité concernent aussi notre rapport à la vérité à l’heure des bilans quand la déraison continue à aveugler le monde.
La sensualité des jeunes corps magnifiquement filmés accompagne la sobriété de passages oniriques allant vers la fable philosophique, alors que les silences, la lenteur, la routine font monter la tension dramatique jusqu’au procès et l’entrevue avec l’aumonier qui constitue pour moi un grand moment.

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