samedi 22 novembre 2025

Les derniers jours de l’apesanteur. Fabrice Caro.

Cette chronique de la vie d’un lycéen juste avant de passer son bac dans les années 80 est moins originale que le précédent roman de l’auteur multicarte
 mais tout aussi plaisante à lire. 
« Et je passais un temps infini, les yeux béants devant des fiches bristol où tout était surligné en jaune fluo, la moindre formule, le moindre mot, de sorte que le fluo en perdait de fait sa fonction.» 
La nostalgie des années Sting, « Cercle des poètes disparus » et « Jonathan Livingstone le goéland » s’illumine dans la douce lumière d’un humour léger.
« Maman il s’est passé du temps depuis mes bons points et mes vingt en orthographe, j’ai grandi, les filles sont passées par là, les fêtes et les copains aussi, […] j’ai lâchement abandonné mon 103 sport et mes goûters au Nutella, Cathy Mourier m’a quitté… »
 Pendant 216 pages lues d’un trait, la banalité prend des couleurs quand l’imagination des adolescents s’enflamme. 
« Elle était lascivement allongée sur la courbe de la fonction exponentielle, sautait à la corde avec la double hélice d’ADN … » 
Les passions théâtralisées sont mises à distance, bien qu’une réussite au Bac représentât alors un passage vers l’âge adulte plus tranché que maintenant. 
« Guillaume Marchand était allongé par terre, sur le bitume, le visage entre les mains, comme un joueur de Roland-Garros à la fin d'un match, et, sans l'expression du visage, il était difficile de déterminer s'il s'agissait d'une marque de joie ou de désespoir infini ». 
Les postures de la jeunesse, les maladresses, constituent pourtant un éternel recommencement. 
« Nous prônions la liberté à tout-va mais nous empressions à la moindre occasion de tout codifier à l'extrême : nos groupes, nos habitudes, notre façon de nous habiller, nos places dans chaque cours, immuables, alors que nous avions le loisir de nous asseoir où nous voulions. Nous ne valions pas mieux que nos parents dont nous aimions moquer la rigidité. »

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