Cette chronique de la vie d’un lycéen juste avant de passer
son bac dans les années 80 est moins originale que le précédent roman de
l’auteur multicarte
mais tout aussi plaisante à lire.
« Et je passais
un temps infini, les yeux béants devant des fiches bristol où tout était
surligné en jaune fluo, la moindre formule, le moindre mot, de sorte que le
fluo en perdait de fait sa fonction.»
La nostalgie des années Sting, « Cercle des poètes
disparus » et « Jonathan Livingstone le goéland » s’illumine
dans la douce lumière d’un humour léger.
« Maman il s’est
passé du temps depuis mes bons points et mes vingt en orthographe, j’ai grandi,
les filles sont passées par là, les fêtes et les copains aussi, […] j’ai
lâchement abandonné mon 103 sport et mes goûters au Nutella, Cathy Mourier m’a
quitté… »
Pendant 216 pages lues d’un trait, la banalité prend des
couleurs quand l’imagination des adolescents s’enflamme.
« Elle était
lascivement allongée sur la courbe de la fonction exponentielle, sautait à la
corde avec la double hélice d’ADN … »
Les passions théâtralisées sont mises à distance, bien
qu’une réussite au Bac représentât alors un passage vers l’âge adulte plus tranché
que maintenant.
« Guillaume
Marchand était allongé par terre, sur le bitume, le visage entre les mains,
comme un joueur de Roland-Garros à la fin d'un match, et, sans l'expression du
visage, il était difficile de déterminer s'il s'agissait d'une marque de joie
ou de désespoir infini ».
Les postures de la jeunesse, les maladresses, constituent
pourtant un éternel recommencement.
« Nous prônions
la liberté à tout-va mais nous empressions à la moindre occasion de tout
codifier à l'extrême : nos groupes, nos habitudes, notre façon de nous
habiller, nos places dans chaque cours, immuables, alors que nous avions le
loisir de nous asseoir où nous voulions. Nous ne valions pas mieux que nos
parents dont nous aimions moquer la rigidité. »

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