Avec le conférencier Gilbert Croué, les amis du musée de
Grenoble ont pu passer du format d’aquarelles
originales de la taille d’une carte à jouer au grand écran, en ayant le
privilège de découvrir des œuvres peu montrées en raison de leur
fragilité.
J’ai choisi en tête de ce compte rendu une « Vue
de la campagne anglaise avec la
Tamise, et le collège de Greenwich » par Delacroix
choisie en dehors des tableaux présentés cette après-midi là que je n’ai pas
forcément retrouvés dans les entrailles d’Internet.
On entrevoit le carnet de croquis qui recueillait les
impressions vives d’un instant.
Les anglais ont excellé dans cette « petite
forme » qui va à l’essentiel comme une sonate en solitaire alors que
l’huile serait pareille à une symphonie. Une histoire d’eau ?
La palette constituée
de pigments liés à la gomme arabique ou au miel et ces pinceaux petit gris va
bien dans les paysages privilégiés par certains maîtres. Ceux- ci ont fait leur
« grand tour » descendant jusqu’à l’extrémité du monde, située à
Naples, entre les années 1750 et 1880, avant de revenir dans le Sussex ou sur
les bords de la Manche.
Dürer, Van Dick, Rubens, inspirèrent les anglais comme Canaletto dont « La Tamise de Somerset House
Terrace vers la ville » a forcément un air de sa ville natale,
Venise.
Ce fut le cas aussi de Le Lorrain connu outre Manche sous le nom de « Claude »
qui exprime toute sa sensibilité et sa
sûreté de main, dans un « Paysage pastoral avec des grands
arbres » au lavis.
Le très anglais, Paul Sandby,
en topographe militaire, relève objectivement les données ; l’échelle et
la profondeur sont données par quelques références humaines, ici une vue du
château de « Windsor ».
« Le chemin du lac »
de
Francis Towne est dessiné à la plume après une mise en place au
crayon légère afin de disparaître sous les jus.
La lumière sculpte les plans du paysage : une partie de
papier blanc réservée évite de perdre de la limpidité. Commencer par le plus
clair pour aller vers le foncé : ainsi se « monte une
aquarelle ». Alors, les vagues dynamiques sous les « falaises de l’île de Wight »
d’ Edward
Dayes nous éclaboussent.
« Si Girtin avait
survécu, je serais mort de faim » avait déclaré Turner après la disparition de
son ami à 27 ans. Pourtant le « Scarlet sunset » du
« peintre de la lumière » était impressionnant, 43 ans avant « Impression, soleil levant » de Monet.
Et son « Lac de
Lucerne » !
Girtin, s’autorise
plus de liberté, de lyrisme après un séjour en
Ecosse,
comme en témoigne sa
« Cathédrale de Peterborough ».
et cette "Distant View of Whitby"
et cette "Distant View of Whitby"
Sur «La plage de Brighton» de Constable,
les nuages sont bien là. Il avait décidé de «travailler sans relâche d’après nature pour tendre vers une
représentation simple et authentique».
Louis Francia était
né en France, il a peint de nombreuses marines qui ont surtout séduit le public
de Londres où il s’était exilé : « La plage à Calais ».
David Roberts embarquant en Egypte avec ses
carnets de voyage a pu allier l’exactitude face aux architectures anciennes à l’improvisation. Ses reproductions sont
toujours vendues aux abords du « Temple de Karnak » ou à
Pétra.
Dans la nuée de sable blond des orientalistes :
« Vue de la Casbah
d'Alger » de William Wyld comporte quelques rehauts de gouache
blanche,
Il avait incité Delacroix à se mettre à l’aquarelle.
John Ruskin
ne fut pas seulement un critique d’art redouté, mais aussi poète, écrivain, peintre et aquarelliste
brillant comme on peut le constater avec cette « Étude de gneiss ».
Les « études d’insectes » du
hollandais Herman
Henstenburgh illustrent la
diversité des possibilités d’un art où il faut beaucoup de talent pour être
simple : ainsi travaux scientifiques, architecture, projets de décors,
portraits, au-delà des paysages et des voyages…
Entre 1750 et 1850, des associations rassemblant artistes et
amateurs se multiplièrent.
Varley, "Pass of Llanberis", Cotman, "River landscape with cattle herd"
Cox, "L’escaut en Hollande"... eux aussi connurent alors plus qu’un quart d’heure de célébrité.