jeudi 20 octobre 2016

L’aquarelle, une passion anglaise.

Avec le conférencier Gilbert Croué, les amis du musée de Grenoble ont pu passer du format  d’aquarelles originales de la taille d’une carte à jouer au grand écran, en ayant le privilège de découvrir des œuvres peu montrées en raison de leur fragilité. 
J’ai choisi en tête de ce compte rendu une « Vue de la campagne anglaise avec la Tamise, et le collège de Greenwich » par Delacroix choisie en dehors des tableaux présentés cette après-midi là que je n’ai pas forcément retrouvés dans les entrailles d’Internet.
On entrevoit le carnet de croquis qui recueillait les impressions vives d’un instant.
Les anglais ont excellé dans cette « petite forme » qui va à l’essentiel comme une sonate en solitaire alors que l’huile serait pareille à une symphonie. Une histoire d’eau ?
La  palette constituée de pigments liés à la gomme arabique ou au miel et ces pinceaux petit gris va bien dans les paysages privilégiés par certains maîtres. Ceux- ci ont fait leur « grand tour » descendant jusqu’à l’extrémité du monde, située à Naples, entre les années 1750 et 1880, avant de revenir dans le Sussex ou sur les bords de la Manche.
Dürer, Van Dick, Rubens, inspirèrent les anglais comme Canaletto dont « La Tamise de Somerset House Terrace vers la ville » a forcément un air de sa ville natale, Venise.
Ce fut le cas aussi de Le Lorrain connu outre Manche sous le nom de « Claude »  qui exprime toute sa sensibilité et sa sûreté de main, dans un « Paysage pastoral avec des grands arbres » au lavis.
Le très anglais, Paul Sandby, en topographe militaire, relève objectivement les données ; l’échelle et la profondeur sont données par quelques références humaines, ici une vue du château de « Windsor ».
« Le chemin du lac »  de Francis Towne est dessiné à la plume après une mise en place au crayon légère afin de disparaître sous les jus.
La lumière sculpte les plans du paysage : une partie de papier blanc réservée évite de perdre de la limpidité. Commencer par le plus clair pour aller vers le foncé : ainsi se « monte une aquarelle ». Alors, les vagues dynamiques sous les « falaises de l’île de Wight » d’ Edward Dayes nous éclaboussent.
« Si Girtin avait survécu, je serais mort de faim » avait déclaré Turner après la disparition de son ami à 27 ans. Pourtant le « Scarlet sunset » du « peintre de la lumière » était impressionnant, 43 ans avant  « Impression, soleil levant » de Monet.
Et son « Lac de Lucerne » !
Girtin, s’autorise plus de liberté, de lyrisme après un séjour en  Ecosse,  comme en témoigne sa « Cathédrale de Peterborough ».
et cette "Distant View of Whitby"

Sur «La plage de Brighton» de Constable, les nuages sont bien là. Il avait décidé de «travailler sans relâche d’après nature pour tendre vers une représentation simple et authentique».
Louis Francia était né en France, il a peint de nombreuses marines qui ont surtout séduit le public de Londres où il s’était exilé : «  La plage à Calais ».
David Roberts embarquant en Egypte avec ses carnets de voyage a pu allier l’exactitude face aux architectures anciennes  à  l’improvisation. Ses reproductions sont toujours vendues aux abords du « Temple de Karnak » ou à Pétra.
Dans la nuée de sable blond des orientalistes :
« Vue de la Casbah d'Alger » de William Wyld comporte quelques rehauts de gouache blanche, 
un « Intérieur au caire »  par John Frederick Lewis parait avenant.
Il avait incité Delacroix à se mettre à l’aquarelle.
John  Ruskin ne fut pas seulement un critique d’art redouté, mais aussi  poète, écrivain, peintre et aquarelliste brillant comme on peut le constater avec cette « Étude de gneiss ». 
Les « études d’insectes » du hollandais Herman Henstenburgh  illustrent la diversité des possibilités d’un art où il faut beaucoup de talent pour être simple : ainsi travaux scientifiques, architecture, projets de décors, portraits, au-delà des paysages et des voyages…
Entre 1750 et 1850, des associations rassemblant artistes et amateurs se multiplièrent.
Varley, "Pass of Llanberis",
Cotman,  "River landscape with cattle herd"
Cox, "L’escaut en Hollande"... eux aussi connurent alors plus qu’un quart d’heure de célébrité.

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