Nos premières attentions se portent sur Gédéon, notre voiture, car le
garage Saint Martin consulté ce matin se montre moins optimiste que le Renault
d’à côté.
Mais après nous être rendus dans deux garages inopérants, l’un parce
qu’il ne possède plus la licence et l’autre étant fermée, la voiture va
beaucoup mieux et n’affiche plus rien de
négatif ou d’inquiétant.
Nous partons l’esprit tranquille pour la base sous-marine et ses bassins de lumières. Pour y accéder, traverser des quartiers neufs ne s’avère pas d’une grande simplicité pour le GPS, qui fait de son mieux. Mais nous parvenons finalement au bon endroit et garons la voiture dans le parking gratuit devant l’entrée.Nous passons le contrôle vigie pirate et la billetterie sans faire de queue et nous plongeons dans l’obscurité de la base réquisitionnée pour l’exposition « De Vermeer à Van Gogh, les maitres hollandais » et « Mondrian l’architecte des couleurs ». L’exhibition monopolise quatre « alvéoles » (bassins) sur onze de la fortification en béton, afin d’effectuer des projections grandioses faites d’éclats de couleurs dans un noir profond, exhausteur de tons. Le public se trouve en immersion totale parmi les peintures surdimensionnées qui épousent toutes les surfaces murales et se reflètent dans les eaux sombres. Il perd ses repères dans l’immensité du lieu ressenti comme un sanctuaire mystérieux. Parfois, des tableaux s’animent légèrement, lorsqu’il s’agit de tempêtes ou de guerre, mais sans être dénaturés, parfaitement réalisés. Quant à la musique diffusée, elle pioche dans le répertoire du baroque ou du jazz, toujours bien adaptée et choisie avec soin. A l’intérieur d’un grand cube une création contemporaine générée par ordi « Foreign nature » de Julius Horsthuis, tente d’associer art et mathématiques sans parvenir à nous convaincre avec son style intergalactique. Nous négligeons aussi « Kaze, Tales of the wind » de Niels Prayer. Nous préférons nous noyer un moment encore dans les œuvres du passé, nous laisser éblouir, circuler avec précautions sans autres lumières que celles des tableaux successifs, et passer sur les passerelles qui enjambent les bassins pour mieux apprécier leurs reflets.Lorsque nous sortons sous le charme enveloppant de l’exposition, nous cherchons un restau ouvert mais n’optons pas pour les halles Bacalan pourtant proches trop fréquentées, trop bruyantes, trop ensoleillées pour un retour à la réalité. Nous nous contentons d’un modeste poké bowl quai Lucien, bien assez climatisé et aseptisé, après avoir contourné une sculpture en forme de soucoupe volante dans le bassin à flot n°1.Nous restons dans le quartier où tout près de la base marine et du bassin n°1, se tient le musée Mer Marine, rue des étrangers. Ce musée privé ouvert en 2019 dans un bâtiment contemporain s’avère une belle découverte.Une statue de requin en inox de Philippe Pasqua nous accueille en haut des marches toutes dents dehors. Couché sur le flanc, une corde le maintient suspendu par la queue à un portique, et sa position indique qu’il tente furieusement de se dépêtrer de ses liens. Des touristes s’amusent l’un après l’autre à se lover dans sa gueule le temps d’une photo pour s’amuser et conjurer la peur qu’inspire cet animal.Dans la grande salle du bas, consacrée à l’exposition permanente, de nombreuses maquettes de vieux gréements voguent dans les airs à différentes hauteurs, tels des avions. L’exposition s’emploie à relater l’histoire de la navigation depuis les pirogues des 1ers temps en passant par l’antiquité des Egyptiens, des grecs et des romains, sans oublier les embarcations africaines ou traditionnelles de pays exotiques
Des objets collectés, quelques peintures, ou encore des instruments maritimes anciens de belle facture et de noble matière illustrent le tout.
Mais le plus impressionnant reste le superbe bateau demi-lune complet originaire du Bangladesh remplissant l’espace près de la fenêtreLe premier étage s’intéresse à d’autres types d’embarcations : bâtiments de guerre, de tourisme (aviron, trimaran), sous-marins, voiliers variés. Le musée ne se satisfait pas que de souvenirs matériels, il rend aussi hommage aux hommes de la mer : les écrivains et chanteurs (Segalen, Antoine, Brel), Titouan Lamazou, les disparus en mer (Colas, Tabarly, Moitessier), de même il laisse la parole aux migrants qui ont dû affronter des traversées dangereuses et qui expriment leur reconnaissance à la France.Nous grimpons encore d’un étage. Il se divise en 2 centres d’intérêt. Le 1er met en valeur le travail inattendu de Pascal Obispo, un enfant du pays. Il expose « Arthérapie », un ensemble de tableaux très colorés, originaux, avec une pointe d’inspiration de Combas par moments. Le 2ème se focalise sur la « planète Océan » et alerte sur sa fragilité :une
sculpture représentant des mâchoires de requin béantes et brillantes donnant sur un miroir obstruant
le fond de sa gorge, un nautilus grandeur nature, un container ouvert débordant
de méduses, des fossiles, toutes ces
installations accompagnent le propos. Lorsque nous quittons le musée,
l’idée d’aller à la cité du vin et du négoce assez proche nous effleure,
mais nous la connaissons d’un autre voyage,
Donc, d’un coup de voiture, après quelques déviations dues aux travaux d’extension de la ville, nous roulons vers le FRAC nouvelle Aquitaine. Il est hébergé parvis Corto Maltese dans un immeuble imposant contemporain au 5ème et 6ème étages. Nous ne rencontrons aucun problème de stationnement pour nous garer Quai Paludate.
Nous nous engageons sur la rampe passant sous le porche, sans trouver d’abord d’accès, jusqu’à ce que nous contournions le bâtiment car l’entrée se trouve plus bas, côté axe routier et Garonne. Peu de panneau indiquent la présence du musée dans la MECA : Maison de l’Economie Créative et Culturelle en Nouvelle Aquitaine. Nous pénétrons dans un gigantesque hall vide, hormis un bureau d’accueil et un petit bar perdus dans la vastitude. Informés par une hôtesse et un vigile, nous prenons l’ascenseur pour le 5ème étage.Le titre de l’exposition« Arpenter, photographier la nouvelle Aquitaine » nous renseigne sur le type d’art contemporain qui nous attend : la photo.parmi elles :« le monde rural » de Noémie Goudal « le génie du lieu », et « White pulse » avec ses montagnes usant du procédé de l’anamorphose (illusion d’optique. Photo collée sur un long pan blanc à l’image des estampes japonaises) « Les migrations » de Maitetxu Etcheverria réalisant de beaux portraits.Un montage sur cinq écrans s’intéressant à la situation écologique et montrant la forêt landaise avec ses bergers sur échasses « côté atlantique », paradoxes et contradictions de Valérie Mréjen.( Des fragments de texte entrecoupent le montage diaporama de Royan à la côte basque , médoc, Arcachon) Au bout de la pièce, une terrasse extérieure ouverte au public offre une vue dégagée sur la gare et sur la ville.Nous montons au 6ème étage bien que vide d’exposition actuellement, parce ce qu’il dispose d’un point panoramique
derrière des baies vitrées, celui-ci donnant sur
la Garonne.
Le soleil baisse, les jambes
s’alourdissent, nous déclarons forfait et, après quelques courses nous rentrons
manger et nous reposer.
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