Au moment le plus chaud de l'été, j’avais envoyé dans le réseau
familial la moins ronflante des strophes extraite de l’ « Hymne au
soleil » du coq le plus bavard du répertoire par l’auteur de Cyrano de
Bergerac que nous venions
d’apprécier à Avignon.
« Tu changes en émail le vernis de la cruche ;
Tu fais un étendard en séchant un torchon ;
La meule a, grâce à toi, de l’or sur sa capuche,
Et sa petite sœur la ruche
A de l’or sur son capuchon ! »
Tu fais un étendard en séchant un torchon ;
La meule a, grâce à toi, de l’or sur sa capuche,
Et sa petite sœur la ruche
A de l’or sur son capuchon ! »
Et puis après avoir ajouté un autre extrait,
« Toi qui sèches les pleurs des moindres graminées,
Qui fais d’une fleur morte un vivant papillon,
Lorsqu’on voit, s’effeuillant comme des destinées,
Trembler au vent des Pyrénées
Les amandiers du Roussillon, »
Qui fais d’une fleur morte un vivant papillon,
Lorsqu’on voit, s’effeuillant comme des destinées,
Trembler au vent des Pyrénées
Les amandiers du Roussillon, »
je suis allé jeter un œil dans une
édition de 1910 qui figurait, inexplorée, dans mon héritage et là, j’ai été
saisi par la modernité de la pièce de théâtre dont même les didascalies sont
poétiques.
« Un rayon de lune traverse la toile d’araignée, qui
semble tamiser de la poudre d’argent. »
La nature, les animaux sont
magnifiés, frétillants comme ceux de notre film d’animation préféré, « Madagascar »,
les alexandrins en moins.
L’humour est constant avec en
particulier un merle persifleur.
« - Que dis-tu quand tu vois sur les monts l’aube
luire ?
- Je dis que la
montagne accouche d’un sourire ! »
La poésie donne du talent aux
cigales- pardon- aux « tzigales » :
« Ici - C’est si – Vermeil - Qu’on s’y - Roussit -
Merci ! »
Le héros emplumé qui croit faire lever le
jour peut se trouver en proie au doute.
Il tombe amoureux d’une poule
faisane, en transition de genre, travestie dans les couleurs du mâle faisan.
A bout du quatrième acte, lorsque
des humains s’annoncent, le rideau rouge retombe.
Il s’était levé avec retard,
l’attente de la représentation avait duré quatre ans, le directeur du théâtre
était intervenu :
« Chut ! Avec tous les bruits d'un beau jour, la
Nature
Fait une rumeur vaste et compose en rêvant
Le plus mystérieux des morceaux d'ouverture,
Orchestré par le soir, la distance et le vent ! »
Chantecler dialogue avec le
rossignol :
« - Vais-je pouvoir chanter ? Mon chant va me
paraître
Hélas ! trop rouge et trop brutal
- Le mien peut être
M’a semblé quelque fois trop facile et trop bleu. […]
- Oh être un son qui berce
- Etre un devoir qui sonne. »
Toutes sortes de coqs participent
à un défilé « kaléidoscopiquement cosmopolite » dans une variation de
« Kikiriki » « Cocorico » internationaux, participant
à un feu d’artifice de mots qui ajoute des couleurs à une vie d’autant plus
célébrée qu’elle est éphémère.

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