Quel plaisir de retrouver, comme de vieilles connaissances,
la bibliothécaire et le paysan qui dans cette suite de « La tombe d’à
côté » se mettent en ménage !
Benny et Désirée « font famille » comme le suggère
le titre laissant croire à une tragédie alors que la vie déborde dans ces 260
pages avec ses douleurs, ses difficultés, ses amours simples et des
arrangements où l’humour bienveillant vient adoucir les épreuves.
Benny vivait avec sa cousine Anita quand son ancienne amante
lui fit part de son envie d’enfant.
« Anita essaya
d'arracher, avec ses ongles, le papier peint qu'elle venait de poser. Et elle
lança le nouveau lecteur CD, à travers la fenêtre. Fermée la fenêtre, par
dessus le marché!
Benny cacha le couteau à désosser et mit une pile neuve dans l'alarme incendie. »
Benny cacha le couteau à désosser et mit une pile neuve dans l'alarme incendie. »
La santé des protagonistes surmontant leur fatigue est
revigorante dans un récit à deux voix qui évite toute vision surplombante d’un
quotidien éprouvant.
« Je souris
souvent un peu jaune quand on parle de l'homme suédois égalitaire qui
"endosse sa part". Je veux dire, on n'arrache pas les comportements
avec les racines aussi vite que ça seulement parce que les hommes ont
formellement la possibilité de prendre un congé paternité ! Et j'ai le
sentiment que ce n'est pas à la campagne qu'on trouve les fers de lance en
matière d'hommes nouveaux. En revanche, il y a beaucoup de congés paternité
durant la chasse à l'élan. »
Les observations justes et fines concernant le métier de
paysan en Suède ou la condition féminine sont plus efficaces que de véhémentes
leçons.
« Vers le milieu de
l’automne quand j’ai commencé à laisser les enfants à la crèche, j’ai réalisé
que s’ils étaient sales ou si leurs vêtements étaient tachés, ce serait à moi de
me sentir gênée en venant les chercher même si c’était Benny qui les avait
déposés dans cet état. »
Quand des bavards saturent nos oreilles alors qu’ils n’ont
rien à dire, ce conducteur de tracteur , pas vraiment un taiseux, nous console
lorsqu’il reconnaît que les mots lui manquent et puis se tait. Il rappelle une évidence oubliée : le
silence peut être salutaire.
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