samedi 11 octobre 2025

Le caveau de famille. Katarina Mazetti.

Quel plaisir de retrouver, comme de vieilles connaissances, la bibliothécaire et le paysan qui dans cette suite de « La tombe d’à côté » se mettent en ménage !
Benny et Désirée « font famille » comme le suggère le titre laissant croire à une tragédie alors que la vie déborde dans ces 260 pages avec ses douleurs, ses difficultés, ses amours simples et des arrangements où l’humour bienveillant vient adoucir les épreuves.
Benny vivait avec sa cousine Anita quand son ancienne amante lui fit part de son envie d’enfant. 
« Anita essaya d'arracher, avec ses ongles, le papier peint qu'elle venait de poser. Et elle lança le nouveau lecteur CD, à travers la fenêtre. Fermée la fenêtre, par dessus le marché!
Benny cacha le couteau à désosser et mit une pile neuve dans l'alarme incendie. »
La santé des protagonistes surmontant leur fatigue est revigorante dans un récit à deux voix qui évite toute vision surplombante d’un quotidien éprouvant. 
« Je souris souvent un peu jaune quand on parle de l'homme suédois égalitaire qui "endosse sa part". Je veux dire, on n'arrache pas les comportements avec les racines aussi vite que ça seulement parce que les hommes ont formellement la possibilité de prendre un congé paternité ! Et j'ai le sentiment que ce n'est pas à la campagne qu'on trouve les fers de lance en matière d'hommes nouveaux. En revanche, il y a beaucoup de congés paternité durant la chasse à l'élan. » 
Les observations justes et fines concernant le métier de paysan en Suède ou la condition féminine sont plus efficaces que de véhémentes leçons. 
« Vers le milieu de l’automne quand j’ai commencé à laisser les enfants à la crèche, j’ai réalisé que s’ils étaient sales ou si leurs vêtements étaient tachés, ce serait à moi de me sentir gênée en venant les chercher même si c’était Benny qui les avait déposés dans cet état. » 
Quand des bavards saturent nos oreilles alors qu’ils n’ont rien à dire, ce conducteur de tracteur , pas vraiment un taiseux, nous console lorsqu’il reconnaît que les mots lui manquent et puis se tait.  Il rappelle une évidence oubliée : le silence peut être salutaire.  

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