mercredi 29 octobre 2025

Alina Czapocznikow. Sophie Bernard.

Dans la continuité des découvertes proposées par  le musée de Grenoble,
sont exposées 150 œuvres d’Alina Czapocznikow, sculptrice polonaise morte en France en 1973.
Libérée des camps de concentration qu'elle a connus depuis ses 15 ans jusqu’à ses 19 ans, elle s’inscrit à l’école d’art et d’industrie de Prague puis à l’école des beaux arts de Paris. 
De retour en Pologne en 1951, elle répond à des commandes de l’état. 
« Monument à l'amitié soviético-polonaise ».
Après la mort de Staline en 53, 
sa sculpture se libère du réalisme socialiste : « L’âge difficile ».
« L’exhumé »
représente un homme torturé lors des purges staliniennes en Hongrie. 
Héritière des surréalistes, innovante comme les artistes pop, elle avait découvert Rodin et noué une amitié avec Germaine Richier, elle se défendait d’appartenir à une école,
bien que
« Tête » puisse entrer dans la catégorie expressionniste et que la mouvance existentialiste fut déterminante.
Une
fragile « Mary Magdalene » renait, s’envole. 
Reconnue dans son pays, elle cherche des formes éclatées en matériaux composites,
« Rozłupany ».
Ses dessins, ses monotypes accompagnent sa pratique sculpturale.
« Noga »
, moulage de sa propre jambe,
 inaugure une période où son corps devient la matrice de son œuvre.
Installée à Paris,
elle fréquente avec son mari Roman Cieslewicz le groupe « Panique » dont l’humour noir est contagieux. « Bouches en marche »
« J’ai été vaincue par le nouveau miracle, la machine ». « Goldfinger »
. 
Ses
« Lampes-bouches » jouent des transparences.
Sa
« Fiancée folle blanche » fut retirée de la vente dans les années 70 pourtant décoincées.
Le
« Ventre-coussin » en polyuréthane, destiné à des crèches, 
fut moulé sur le ventre de la compagne de Topor.
Son corps «  unique source de toute joie, de toute souffrance, toute vérité » 
célèbre la puissance de l’érotisme et la fragilité de l’existence.
L’expérience concentrationnaire revient avec la « Noyée »  « la nuit devient femme » comme a dit Pierre Restany le critique phare du nouveau réalisme.
Le magazine « Elle » apprécie :
 
« Alina sculpte ses ventres dans le marbre de Michel-Ange ».
Dans « Souvenirs » elle inclut dans du polyester des photographies de Christian Boltanski, de « Twiggy », de victimes de la Shoah.
Ayant la prémonition de son cancer, 
elle suscite parfois l’incompréhension lorsqu’elle elle distribue des « Tumeurs » à ses amis.
Elle joue avec
«  Proliférations ».
Des
«  Photosculptures » gardent une trace de ses découvertes masticatoires 
en chewing-gum.
Après de multiples autoportraits,
des moulages en plâtre dans la série 
« Herbier » témoignent de son corps malade
jusqu’à la mise en scène de son propre enterrement « L’enterrement d’Alina ».
Sous l’intitulé « Paysages humains » elle avait exposé le moulage du corps de son fils adopté « Piotr ». 

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