Je reviens avec mes petits enfants dans la Mecque du théâtre
après 15 ans d’abstinence.
en essayant de privilégier la célébration de la beauté du
monde plutôt que la recension des
malheurs causés par de terribles ainés.
Les distributeurs de tracts sont toujours aussi nombreux
pour nous convaincre d’aller voir
« Les féministes sont des chieuses ? Les hommes
des connards ? »
ou « Et pendant ce temps Sigmund
Freudonne »
bien qu’ « Une heure de philosophie avec un mec qui
sait pas grand-chose » soit tentante.Dans ce genre café-théâtre, le trio interprétant depuis une
armoire « Shakespeare, même pas
mal » nous a convaincu par son énergie indispensable pour évoquer, en
75 minutes, 38 pièces du mystérieux anglais, dont « La guerre des deux
roses » présentée comme un match de rugby.Par contre « Il
était le malade imaginaire, une fois » parfois « malaisant »,
nous est resté sur l’estomac.« Léon, le
magicien », « mentaliste », celui qui « simule des
capacités psychiques et des pouvoirs mentaux », met en scène quelques
échecs pour valoriser des réussites époustouflantes. Il manipule habilement
objets et spectateurs, et donne l’occasion d’apprendre que « close-up »
signifie « magie de proximité ».
Nous avons vécu une journée percussive entre deux batucadas
en parade dans la rue, avant un éloge virtuose de la batterie dans « Une vie sur mesure », poétique,
souriant, évoquant sur scène depuis 15 ans, jazz, rock, bossa nova, techno…
dans la peau d’un ingénu.« Swing
Gum » spectacle de claquettes, apparaît plus répétitif, bien que soit
original le prétexte des retrouvailles, 75 ans après, d’un vétéran américain
ayant participé au débarquement avec son amoureuse de l’époque. La
configuration de la salle ne contribue pas à valoriser l’entrain de la troupe
suisse. La diversité des lieux de représentation fait partie de la
magie d’Avignon et peu importent les gradins sommaires, l’absence bien
évidemment de climatisation : le boulodrome de l’île Piot fut pour nous le
plus beau des écrins, car la comédie dramatique « Les pieds tanqués » qui y était jouée ne pouvait
trouver meilleure place, comme les acteurs incarnant parfaitement un provençal,
un parisien, un « pied noir », un arabe, au cours d’une partie de
boule autour de la question algérienne. Leur camaraderie, surtout pas mièvre,
permet que chacune de leurs opinions soit entendue par les autres.
Si l’incertitude fait partie du jeu des choix entre 1700
propositions, nous sommes allés sans risque voir « Le prénom », drôle et profond, un triomphe depuis 2010, parfaitement
interprété. Des paroles anodines déchainent les
passions à l’intérieur d’une famille :
progression bien menée aux dialogues parfaits pour un théâtre intime et social. Nous n’en étions pas à notre premier « Cyrano de Bergerac »
mais cette version a réussi à faire apprécier ce chef
d’œuvre patrimonial à ma grande
qui l’avait étudié en classe et à son plus
jeune frère.
« Toutes ces
folles plaisanteries […]
Je me les sers
moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve. »
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve. »
Les plus anciens ont pu réviser que le personnage de
Rostand fut inspiré par Savinien de Cyrano, dit de Bergerac, auteur d’une
des premières œuvres de science fiction : « Les États et empires de la Lune » et « Les États et empires du Soleil ».Nous avons apprécié
« Camus, Sartre, miroirs
d’enfance » où l’auteur en reprenant « Les
mots » et « Le premier homme » donne chair et éclaire les idées
des deux grands contradicteurs, l’un élevé au soleil où son amour de la vie n’est
pas effacé par les coups de nerf de bœuf et l’autre dans la solitude de la
haute bourgeoisie, tous deux dans le bonheur de la lecture.
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