samedi 11 janvier 2025

Fort Alamo. Fabrice Caro.

Fort plaisant : l’auteur de BD reconnu persiste dans le roman nerveux (174 pages)
Un prof pense qu’il a le pouvoir de donner le mort à tous ceux qui le contrarient, depuis qu’un malotru énervant s’est écroulé victime d’un malaise après l’avoir doublé à la caisse d’un supermarché. 
« L'Enfer, c'est les autres, avec du réseau ». 
J’ai souvent éclaté de rire, ce qui m’arrive rarement avec un livre, tant l’écrivain délivre en rafales des formules qui tuent, lors d’une intrigue tendue dont on se demande comment il va sortir son héros de situations menaçant d’être fatales. 
« Mes neveux faisaient partie de la génération dématérialisée qui rendait les idées cadeaux de plus en plus compliquées. Cette génération qui vous regardait avec des yeux de poisson mort dès que vous leur tendiez un objet autre qu'un téléphone. »
L’idée originale, cocasse, mais porteuse de drames, se déploie dans une ambiance familière avec la maison de la mère que son frère pressé par sa femme énervante veut vider au plus vite. 
« C'était la maison de notre enfance, la vider impliquait de nous vider nous, comme des poulets avant l'étal, nous vider de notre passé, de notre héritage, de nos premiers rires et de bonheurs jamais égalés. » 
Le discret tonton doit trouver le bon cadeau de Noël entre la FNAC et Nature et Découverte: « La plupart passaient de longues minutes à essayer des fauteuils électriques masseurs de dos hors de prix avant de repartir avec un livre à douze euros sur les différentes façons de chier dans les bois. » 
Le présumé assassin en série, thaumaturge meurtrier, bon père, bon mari, bon fils n’a que sa mère au cimetière pour croire en son pouvoir maléfique: 
« Quand elle était encore là, chaque fois que je passais la voir, ma mère m'annonçait un décès, elle précisait l'âge, suivi de la cause, c'était sa marotte. Et derrière, elle ajoutait immanquablement: Si jeune, tu te rends compte ? Quelque soit l'âge du défunt. Pour ma mère, on était de toute façon trop jeune pour mourir. »
Bienvenue dans la famille ironique d’un Jean Paul Dubois en plus jeune, en moins solitaire, mais avec le même talent, mêlant mélancolie et humour, observation juste et fantaisie surprenante. 

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