Le bob rose, très second degré, offert en produit dérivé à
l’achat du livre m’a ouvert l’appétit sur un sujet qui m’interroge depuis
longtemps.
Mais la question « Pourquoi le RN séduit plus facilement les pauvres
que la gauche » reste en suspens et les critiques concernant les médiatiques
transfuges de classe ne sont pas assez développées.
Même si je suis passé facilement par-dessus l’excluante
écriture inclusive de l’auteure, j’ai apprécié davantage ses récits
autobiographiques et ses incertitudes qui lui font oublier le point médiant
quand elle se définit comme « beaufe » plutôt que ses plates amorces
d’analyses, paresseusement bourdieusiennes.
Rien de bien neuf depuis l’opposition première entre Duduche
et son beauf créé par Cabu :
« misogyne,
machiste, homophobe, raciste, xénophobe, anti-intellectuel, partisan de
l’ordre, conservateur, conformiste, grossier, obtus, belliqueux, chasseur,
militaire, fan de centrale nucléaire, ignorant, bête, inculte. »
La
barque répétitive est quelque peu chargée.
La notoriété de Rose Lamy, née sur Instagram, lui a valu
d’être publiée dans un processus déjà en place pour les chanteurs de la
génération d’après les Goldman, Aznavour et Dassin qu’elle cite abondamment
avec tendresse.
Dans ces 176 pages faciles à lire, sa critique du film
« Vingt dieux » est pertinente
comme son rappel utile du juste combat bannissant l’excuse
« meurtre passionnel » pour qualifier les féminicides.
Mais quand elle
ironise:
« quand j’aurai
besoin de désigner un homme méprisable, bête et de moralité douteuse, je dirai qu’il est un macroniste »
son arrogance est du même ordre que celle de la bourgeoisie
à l’égard des classes populaires décrites par... Gramsci qu'elle cite:
« Un ensemble de
pauvres hères moralement et intellectuellement inférieurs, un ramassis de
brutes qui se préoccupent seulement de se remplir le ventre, de faire l’amour
et de cuver leur soûlerie dans un profond sommeil. »
ou pour s’en tenir à des dates plus récentes (2012), dans la
même veine que Technikart qu’elle épingle, décrivant Guéret sous le titre
« La bouse ou la vie » :
« Un parking où
zonent quelques bouseux en casquette-survêt- banane tchachant probablement de
la mobylette à Greg. »
Je rencontre pas mal d'anti-intellectuels chez les intellectuels de nos jours. C'est curieux. Je ne comprends pas cette façon de cracher sur... qui on est, et à quoi ça sert.
RépondreSupprimerA mon avis, tout le monde désespère assez de savoir à quelle classe il appartient... les repères sont douteux en ce moment, c'est frustrant ; on peut si facilement se tromper, et faire un FAUX PAS, et alors, ce serait la catastrophe, n'est-ce pas ?
Pour le crime passionnel, je me sens obligé d'ajouter qu'il s'agit non pas d'excuses, mais de circonstances atténuantes, et la nuance est importante. Les circonstances atténuantes sont là pour essayer de comprendre comment quelqu'un peut perdre le contrôle de lui-même et faire quelque chose qu'en temps normal il ne ferait pas. Les circonstances atténuantes permettent d'adoucir la justice pour faire qu'elle ne devienne pas une affaire de... pure vengeance, pour réparer les victimes de ce dont on ne peut pas les réparer, de toute façon. Le rôle de la justice N'EST PAS DE REPARER LES VICTIMES. J'y tiens. Je dirais même que le rôle de la justice sert bien plus la société que les personnes impliquées. C'est comme ça. J'estime que c'est du mensonge ignoble de faire miroiter aux victimes que la justice POURRAIT les réparer de leur préjudice. Et pendant ce temps là, les appels à la vengeance montent, et... nous n'en avons pas besoin en ce moment. Pas du tout.
Je suis en pleine discussion avec un ami en ce moment sur la différence entre une société où l'aristocratie est en haut du panier, et une société où la bourgeoisie l'est. Pour moi, c'est Sganarelle dans "Dom Juan" de Molière qui incarne non pas les classes populaires, mais la bourgeoisie montante, car il aspire... à prendre la place de son maître. Oui, on peut appeler ça une révolution : quand UN AUTRE se glisse par force à la place dont il vient d'éjecter le précédent, pour jouir des mêmes privilèges, de préférence sans les obligations, et.. on recommence le jeu pour une nouvelle partie.
Nous y sommes...