Lors d’une semaine où mes petits enfants ont essayé de
mettre des étoiles au bout de leurs spatules, je me suis cassé un bras dans un
escalier, loin des pistes, « bras cassé ».
Mon séjour à l’hôpital après une prise en charge efficace et
des soins par un personnel aguerri aurait pu être l’occasion de quelques brèves
de couloir pour aborder le sujet de la santé.
Chaque intervenant accompagné
d’une personne en formation dans cet établissement universitaire crédibilise la
qualité et l’importance de l’enseignement français quand des cliniques
canadiennes viennent proposer des salaires de 4500 € aux apprentis infirmiers.
Ma recherche de témoignages authentiques s’en tiendra à une
vigoureuse déclaration d’un brancardier complice en tant que supporter de
l’OM:
«Je ne vais pas te
voir longtemps, mais je t’aime, toi ! »
Un autre conducteur de lit à roulettes m’avait dit parcourir
parfois 15 km
dans les labyrinthes de cette maison abritant 9000 travailleurs où les gros
bras ne sont pas les seuls à être tatoués.
Je ne retiendrai pas - irruption de la vie - les
retrouvailles parfois bruyantes d’agents hospitaliers alors que le sommeil
venait enfin sur le matin, pas plus que les regrets de certains de ne pouvoir guère se lier avec
les patients : on n’est pas là pour se faire des amis !
Vu depuis mon lit, le service de traumatologie alimenté par
les nombreux accidentés du ski, ne m’a pas semblé débordé dans cette période
cruciale, malgré la présence de nombreux chirurgiens … sur les pistes.
Je ne saurai me hasarder à émettre quelques généralités à
partir de bribes de réalité quand
Vladimir
Jankelevitch parlait de « la vérité comme une fine pointe », bien émoussée en ces temps, mais il revient à mon secours :
« La lueur
timide, l'instant-éclair, le silence, les signes évasifs ; c'est sous cette
forme que choisissent de se faire connaître les choses les plus importantes de
la vie. »
J’ai apprécié d’un juvénile voisin de chambre, sa vitalité,
sa détermination et constaté les performances d’une chirurgie lui permettant de
persister dans ses projets, lorsqu’il s’est levé le jour suivant son opération
de la colonne vertébrale.
J’avais remarqué aussi lors de la venue de sa famille que le
second degré n’avait pas disparu de tous les lieux comme je le craignais, le
nez trop collé aux écrans.
Celui qui l’avait précédé, arrivé en hélicoptère, était
reparti à Clermont-Ferrand en ambulance : nous sommes bien assurés dans ce
pays.
Fréquenter, à proximité du cimetière des Sablons, l’hôpital, beau lieu de défense de la vie, conduit banalement à reconsidérer certaines valeurs
et apprécier le privilège de vivre en France.
Notre confort, à l’image de la Suède, jadis pays modèle qui connaissait
pourtant le taux de suicides le plus important, conduit parfois à l’aveuglement, quand des
mesures avancées pour pérenniser la solidarité entre générations suscitent tant d'hostilité où se mettent en scène les fatigues démocratiques.
« A propos de la répartition des sacrifices, n’oublions
pas que nous avons collectivement, évité et le chômage massif pendant les
confinements et la hausse du prix de l’énergie grâce au bouclier tarifaire en
mobilisant massivement la dette publique. En 2020, l’économie chute de 8% et le
pouvoir d’achat des ménages augmente de 1%. Cet écart considérable sans
précédent dans l’histoire, ce sont les générations futures qui le paieront, pas
nous. Nous avons mobilisé le futur pour venir au secours du présent. De ce
point de vue, la réforme des retraites est un renvoi d’ascenseur, qui mobilise
le présent pour venir au secours du futur. »
François Langlet
Merci, Guy, c'est très intéressant. Je peux dire que moi aussi, confrontée à l'hôpital ces dernières années dans des situations parfois assez douloureuses où ma petite personne n'était pas mobilisée pour les soins, j'ai trouvé des travailleurs dévoués, compétents, soucieux du bien-être des patients et de leurs familles. A tel point que je me suis demandée quel était le but... de tant de propagande désobligeante, maussade, négative sur l'hôpital français ? Pourquoi ça tenait, ça tient tant à coeur de casser du sucre sur le dos de l'hôpital ?
RépondreSupprimerJe me dis que casser du sucre sur le dos de l'hôpital, c'est aussi casser du sucre sur les valeurs... antiques de l'hospitalité à une époque qui encourage l'individualisme, l'individu "autonome" et souverain, à outrance.
Casser du sucre sur le dos de l'hôpital, c'est aussi maugréer encore une fois le SERVICE PUBLIC, vilipendé par une société où bon nombre d'individus n'y croient plus du tout et ne veulent pas payer de leur poche le prix du service public.
Ceci ne m'empêche pas d'avoir mes réserves envers les solutions... très collectives aux déboires de la condition humaine et forcément tragique, mais voir les Français au premier loge pour détruire, et tourner la page sur leurs beaux idéaux, c'est affligeant.
Pour les retraites... cela ne nous revient pas comme choix de revenir sur l'organisation du travail en France, cela s'impose comme l'effet d'un système qui voit dans le travail monnayé un modèle généralisé pour l'activité humaine, en nous poussant... dans la fourmilière. Je ne veux pas de la fourmilière, pas plus que je veux d'une organisation sociale et institutionnelle qui nous réduit à l'enveloppe de notre... "utilité" sociale.