vendredi 17 décembre 2021

Apprentis.

Pour avoir passé quelques annuités dans des lieux alors dits d’apprentissage, instit’ je fus, je me demande si en dehors des superfétatoires tables de multiplications tout ne s’est pas perdu  voire parti dans le sens opposé. Au risque d’épuiser mon masochisme, je ne me mettrai pas à énumérer nos ambitions civiques qui ont accouché de grimaçants résultats allant de la goujaterie ordinaire au complotisme le plus courant. Toutes ces stratégies pédagogiques, coopératives, ont abouti à un « chacun pour sa gueule » décidément encombrant.
Hulot, une de nos gentilles icônes mise à bas, n’arrange pas la considération qu’on pouvait porter à l’espèce bien peu protégée des hommes.
Aucune confiance envers son prochain, et combien de malins pour récuser les scientifiques et déceler chez les responsables politiques systématiquement les pires intentions. 
La fleur au coin des lèvres, nous croyions en la bonté de l’être humain en marche vers le grand soir. La nuit est tombée et le virus noir du soupçon a assombri notre vision des voisins. 
« Enseigner, c’est apprendre deux fois. » Joseph Joubert
Nous nous sommes trompés envers nos élèves et nous qu’avons-nous appris ?
Nous savons que les votes se déterminent essentiellement en opposition, mais à défaut d’attirer des électeurs pourquoi renvoyer systématiquement les contradicteurs comme des ennemis ? C’est que l’estime de soi est au plus bas. Pourquoi toute critique de la gauche assigne celui qui chicane vers la droite ? 
Pour passer trop de temps sur les réseaux sociaux où je m’abstiens le plus souvent d’intervenir, je suis frappé par les commentateurs  qui a chaque thème abordé prennent du temps pour dire ce n’est pas le problème. Autour d’un article concernant l’Europe, se ramène la Corrèze, et quand il est question du Zambèze tout de suite allons voir nos quartiers. Jeux de mots pour se rappeler Raymond Cartier dans Paris Match qui opposait dans les années de décolonisation, le département français au fleuve de Zambie et fut tellement repris qu’on en oublia le premier auteur. L’égoïsme hexagonal ne s’est jamais si bien porté.
Les prescripteurs matutinaux qui voient avant tout la moitié vide des verres qu’ils ont vidés ne savent que décrire dans une planète condamnée, une France rabougrie, leur seule vitalité s’exerçant à l’encontre de ceux qui se repaissent de l’abaissement de notre civilisation.Trois dessins et deux provocations ne suffiront pas à régler le tracas Zémour, les médailles de compagnon de la Libération attendront.
Enserrés dans un passé culpabilisant où les décoloniaux croisent le pétainiste et un futur gris décrit par les verts, le présent aurait tendance à tambouriner la coque de nos génitoires. Tous ces prophètes du malheur, symptômes de la décadence qu’ils annoncent, me ramèneraient plutôt vers les ravis. L’expérience évitant quand même de tomber dans le pot de peinture rose.
D’avoir applaudi les soignants en d’autre temps ne nous interdit pas de blâmer ceux qui font  toute une affaire de se faire vacciner. On peut aimer les livres et réprouver les bibliothécaires de la CNT à Grenoble qui refusent de prendre leur part dans la lutte contre la pandémie : elles ont appelé les bornes mises en place pour vérifier les pass sanitaires. Qu’elles ne viennent pas pleurer comme les agents de service qui ne voulaient pas monter plus de trois marches pour nettoyer les vitres ; le privé appelé à la rescousse a fait le job.   
« Je suis toujours prêt à apprendre, bien que je n'aime pas toujours qu'on me donne des leçons. » Winston Churchill

1 commentaire:

  1. Comme souvent maintenant, Guy, je suis assez d'accord avec toi sur bien des points, mais sur les points chauds nous divergeons.
    Oui, l'estime de soi est au plus bas. Oui... l'estime que l'Occident, les Occidentaux devraient avoir ? envers eux-mêmes est au plus bas, et si seulement cela allait arranger les choses... Je n'en crois rien.
    Je dis à bien des gens autour de moi que si eux étaient arrivés à l'âge adulte au moment du grand boom de l'après guerre ('45) ils auraient fait exactement la même chose que mes parents, et ils n'y auraient vu que du feu. Je montre mes dents à ceux, souvent de jeunes blancs becs, qui me font la morale sur ce dossier.
    Mes parents très chéris n'ont pas eu les yeux pour voir que le monde qui s'ouvrait devant eux était radicalement hostile à leur foi chrétienne, et allait dans le sens opposé. Ma mère n'a pas compris le piège en allant pour ses loisirs acheter dans le centre commercial pas tout près de chez nous, en voiture, bien entendu.
    Ayant traversé des épreuves dans la vie, et des épreuves matérielles, elle n'a pas compris comment le confort et la facilité pouvaient être des pièges pour l'Homme. (une grosse généralisation, mais je la maintiens. Elle me semble vraie, et vérifiable.)
    Quand je déprime trop, je vais sur mon marché, avec de vrais gens en chair et en os, pour saluer, et faire un brin de tchatch au moment d'acheter, même dans le froid.
    Il fait froid maintenant, mais le monde est beau, surtout à Saint Egrève, où nous vivons dans un cadre magnifique, et n'avons pas à nous plaindre.
    Comme je dis souvent, c'est typique des... riches et nantis de se plaindre alors qu'ils ont tellement de bénédictions dont ils ne se rendent même pas compte ! comme.. un toit au dessus de la tête, du chauffage, de l'eau chaude.
    De vraies richesses, non ?...
    La plainte permanente est le symptôme d'une société.. riche, et quand je vais sur mon marché je vois l'incroyable richesse qui sort des porte monnaies pour la fête de Noël.
    J'aime Noël. Je n'aime pas les pisse vinaigres qui cassent Noël. Qu'ils trouvent... un compagnon, une compagne, des amis pour être moins pisse vinaigres. Qu'ils mettent du leur, et qu'ils arrêtent un peu de courir/taper sur leurs smartphones/s'abrutir dans leur came technolochieque/travailler comme des malades pour sourire à quelqu'un et dire "bonjour" ou "merci".
    C'est fou le nombre de gens qui se plaignent de ce que les gens ne viennent pas vers eux, mais... qui persistent à attendre que les gens viennent vers eux.
    Navrant.
    Désolée, je voulais que ça soit mignon et festif tout plein, mais ça a fini en jérémiade, comme d'habitude...

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