lundi 31 mai 2021

Falling. Viggo Mortensen.

Face à la démence sénile accusant les traits d’un père exécrable, la bienveillance de ses enfants en apparaît elle-même, parfois insupportable. 
Nous sommes au cœur de l’opposition Floride/ Middle West, rural / urbain, républicain / démocrate, macho / homo, père / fils, homme / femme, millénial / boomer, méchant / gentil… Alors les rares moments de tendresse sont des joyaux, et quand enfin le fils sort de ses gonds nous sommes soulagés. 
Les invectives incessantes du vieux fumeur ne paraitraient que caricatures si nous n’avions à chercher la source de tant de haine, ni toute l'indulgence après sevrage de grands écrans.
Le charme du film tient aux acteurs. Derrière des situations bien campées et des retours vers le passé intéressants, nous n’avons pas de réponse toute tracée mais des occasions de réfléchir. La gentillesse du pilote gay marié à un asiatique ayant adopté une petite latino, ne peut-elle pas  être ressentie comme une façon d’humilier le frustre chasseur ?  
S’il est plaisant de proférer de temps à autre des horreurs, va-t-on devenir aussi affreux?
En cherchant un synonyme à « valétudinaire », je viens de découvrir un mot délicieux : « égrotant » qui signifie souffreteux, maladif.
Mortensen, réalisateur pour la première fois, avait connu acteur des hauts et des bas, mais ce n’était pas lui aux manettes :

1 commentaire:

  1. Oui pour la bienveillance qui paraît parfois insupportable.
    Peut-être que tous, on a connu un moment/des moments où en plein engueulade, voir l'autre garder son calme, en commentant la situation, et faisant des appels à la Raison, était totalement insupportable.
    Rien de pire que de voir l'autre se dérober quand on veut ENGAGER la bataille. S'engager dans la bataille.
    Je ne sais pas si les livres de science sociale rendent bien compte de ce phénomène, où s'il vaut mieux lire la littérature pour saisir la finesse.
    A chaque chose sa place, et il y a bien des moments où la Raison (et la gentillesse) ne sont pas à leur.
    Mais on serait des machines si on arrivait à s'adapter bien comme il faut tout le temps, non ?...
    Et puis, des fois je vois dans cette gentillesse dégoulinante un ersatz très dilué et malfaisant d'un lointain ? idéal chrétien, même pour ceux qui ne savent rien à leur héritage chrétien.
    Comme si le B.A.BA du catéchisme disant qu'il faut tendre l'autre joue faisait oublier que Jésus s'était grandement fâché le jour où il a renversé toutes ces tables de marchandise de bestiaux pour les sacrifices devant le temple de Jérusalem. Il n'avait pas pu se contenir, et il était tout sauf gentil ce jour là...

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